El Ouardi maintiendra-t-il le cap des réformes ? Le ministère de la Santé se lance dans une «traque aux médecins hors la loi». L'exercice illégal de la médecine à titre privé par des médecins fonctionnaires relevant du ministère de la Santé est devenu ces dernières années monnaie courante et pour le département d'El Hossein El Ouardi, «la lutte contre cette pratique n'a pas toujours été à la hauteur des espérances, malgré les multiples rappels à l'ordre». Dans ce sens, le ministre décide de passer à la vitesse supérieure en publiant une circulaire annonçant «l'organisation d'inspections périodiques et inopinées au sein des cliniques et hôpitaux publics, spécialement pour lutter contre l'exercice illégal par les professionnels de la santé publique». Jusque là, de nombreuses mesures avaient été prises pour lutter contre ce fléau, sans réel résultat probant. D'un point de vue contextuel, cette situation engendre des effets négatifs sur le fonctionnement du service public de santé, déjà miné de dysfonctionnements et dont la mauvaise organisation s'accentue davantage avec la rareté des ressources humaines au sein des hôpitaux publics. Dans une dimension juridique, les dispositions législatives et réglementaires en la matière sont assez claires, dans la mesure où ces dernières interdisent aux fonctionnaires d'exercer à titre professionnel une activité lucrative privée ou relevant du secteur privé, de quelque nature qu'elle soit. Le non respect de ces dispositions constitue donc un manquement aux obligations professionnelles, qui peut justifier la mise en œuvre de la procédure disciplinaire, soit «une suspension immédiate et la traduction du fonctionnaire fautif devant le conseil de discipline». Mesures en rafale Le département de la Santé est engagé dans un large processus de «réforme» du secteur, qui consiste essentiellement à assurer une meilleure qualité des soins et un accès aux médicaments pour tous. Cette mesure de «recadrage» des médecins de la santé publique pourrait bien préparer la mise en œuvre d'un nouveau programme que le département veut mettre en œuvre dès la rentrée prochaine. Ce dernier consiste à «compenser la faiblesse de l'offre sanitaire par l'activation de solutions alternatives, dont la création d'unités d'urgence mobiles ainsi que de pôles régionaux spécialisés» (www.lesechos.ma). Pour ce faire, la mobilisation des médecins du secteur public doit être optimale. Pour rappel, ce mouvement de réformes passe par des mesures parfois impopulaires que le ministère de la Santé n'a pas hésité à prendre ces dernières semaines. Au moment où la gronde des pharmaciens s'intensifie en réponse à la baisse des prix des médicaments, El Ouardi ne manque pas de détermination en s'attaquant cette fois au corps médical avec cette nouvelle mesure de contrôle des médecins de la santé publique.