Finalement la délocalisation n'est pas toujours une très mauvaise idée. Cette politique de production sert en tout cas clairement les intérêts de Renault. En juillet, les ventes de la marque à bas coût Dacia du constructeur français au losange, ont pratiquement doublé sur le marché français, principal marché d'exportation du monospace Lodgy - premier des trois modèles qui devraient sortir des lignes de production de Tanger - produit et exporté à partir du nouveau site industriel du groupe à Tanger. Les ventes de Dacia sont en effet passées de 4.500 en juillet 2011 à plus de 9.000 unités sur le dernier mois, selon les dernières statistiques du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Parmi les principaux facteurs de cette performance, plusieurs observateurs du marché des immatriculations françaises s'accordent sur le «bon comportement commercial» du Lodgy, et l'entrée en matière du Docker et Docker van, un véhicule utilitaire léger. Ces statistiques coïncident en effet avec le bouclage des trois premiers mois de commercialisation du Lodgy «made in Tangier», lancée exactement le 30 avril dernier. Le monospace à bas prix semble en effet avoir bien réussi son entrée en matière sur le marché français, comme nous le laisse comprendre une source au sein du management de Renault Maroc. «C'est une très bonne performance pour un produit encore en phase de début de commercialisation», commente au passage Mohamed Tazi, directeur de communication de Renault Maroc. Ce dernier nous fait également savoir qu'à ce jour, plus de 20.000 Lodgy ont effectivement été expédiés, à partir de Tanger, depuis le lancement de la commercialisation. Cette offre a été ensuite étoffée par l'entrée en commercialisation du petit utilitaire Dokker et Dokker Van, opérée fin juin dernier. Au total, le rythme de production du site tangérois était à 300 véhicules par jour, à la fin du mois dernier. «Le site de Tanger permettra d'augmenter les volumes et d'élargir l'offre de la gamme économique, en complément de modèles fabriqués dans les usines de Pitesti (Roumanie) et de la Somaca (Casablanca, Maroc), qui sont actuellement en limite de capacité», commente-t-on auprès de la communication de la représentation marocaine du constructeur de la marque au losange. Objectif : soutenir l'offre mondiale du groupe «pour répondre à la demande soutenue des clients pour les véhicules d'entrée de gamme», poursuit la même source. Vitesse de croisière Par ailleurs, il faut savoir que la première ligne de production du site devrait se renforcer dès l'année prochaine. Pour l'heure, cette plateforme tourne avec une capacité de 30 véhicules/heure, correspondant à une capacité de 170.000 véhicules par an. Le site devrait, à terme, disposer d'une capacité de 350.000 véhicules par an correspondant à la production de 60 véhicules/heure. La deuxième ligne de production est effectivement attendue pour mi-2013. Parallèlement, après sept premiers mois de mise en production du site de Tanger, le tissu industriel ne cesse de se renforcer autour du complexe Renault, avec l'implantation de plusieurs fournisseurs de rang 1 et 2 qui permettront, à terme, la création 30.000 postes de travail. «L'objectif du groupe est de faire du «made in Morocco» un label de qualité dans le monde automobile», commente-t-on auprès de la communication de Renault Maroc. Pour rappel, le groupe Renault table sur les atouts de la zone franche pour se développer. Ce positionnement permet une exonération totale d'impôt sur les sociétés pendant 5 ans, puis l'application d'un impôt sur les sociétés à taux réduit (8,75% au lieu du taux normal de 35%) pendant 20 ans (selon la loi de finances 2007). À cela s'ajoute l'exonération de la taxe d'exportation marocaine (actuellement aux alentours de 2 pour mille de la valeur déclarée), ainsi que la mise en place de formalités douanières accélérées. Dur lancement Rarement un projet aussi important a connu autant de rebondissements dans sa concrétisation. En juin 2009 déjà, lorsque l'un des plus grands constructeurs automobiles français, ose prendre l'initiative de lancer un projet aussi important en pleine crise économique, le défi de Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, était énorme...mais c'était sans compter avec le retrait temporaire de Nissan du projet. Dès lors, plusieurs craintes ont été soulevées à propos de l'abandon pur et simple du projet. Mais plus de peur que de mal puisque dès le 2 février 2011, Renault confirme l'installation future de la seconde ligne de production. Le 22 mars 2011, il a été procédé à l'inauguration de l'IFMIA (Institut de formation aux métiers de l'industrie automobile). Le 9 février 2012, le roi Mohammed VI a présidé à l'inauguration de l'usine. Aujourd'hui, le constructeur français dispose d'un terminal dédié au transbordement de véhicules au niveau du Port Tanger Med 1 d'une capacité de 660.000 véhicules/an. Pour servir cette plateforme, 13 hectares du terminal sont concédés à Renault et dédiés à l'exportation des véhicules fabriqués dans l'usine de Tanger, située dans l'arrière pays du port et directement reliée par liaison ferroviaire.