Comment, en cette période de pandémie du Covid-19, l'enseignement virtuel a pu avancer ses pions. Le sujet a été débattu, en fin de semaine dernière, lors d'une conférence virtuelle organisée par la Fondation Attijariwafa bank. Une conférence qui a réuni Ilham Berrada, Ph.D Informatique et Recherche opérationnelle, Enseignante Chercheur à l'ENSIAS HERE et Ex Vice-Présidente de l'université Med V de Rabat, Ilham Laaziz, Directrice du programme GENIE (Généralisation des technologies d'information et de communication dans l'enseignement primaire et secondaire), au sein du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et Hamza Debbarh, diplômé de HEC Paris, Fondateur de la 3W Academy et Administrateur de l'institution Tahar Sebti. Cette conférence a permis d'effectuer un tour d'horizon des mesures engagées par le ministère depuis plus d'une décennie, pour introduire l'enseignement à distance dans les cursus scolaires et universitaires. « L'enseignement virtuel n'est pas une nouveauté pour l'université, mais il s'agit à présent d'extraire les leçons de cette expérience vécue durant le Covid-19 pour en pérenniser les acquis », a relevé Pr Berrada qui prépare, avec un groupe d'experts, un Livre blanc qui sortira prochainement et qui portera sur des recommandations concrètes en matière d'enseignement digital à mettre en place à la sortie de la crise sanitaire. «Au niveau du primaire et du secondaire, nous avons aussi fourni un effort soutenu depuis 2015 pour mettre à disposition des enseignants et élèves, via une plateforme dédiée, des contenus pédagogiques et des formations ciblées en faveur des enseignants. Je précise que le défi de l'Education nationale durant le Covid-19 a été de mettre à disposition plus de 6 000 cours en faveur de 8 millions d'élèves à travers le pays», a expliqué Mme Laaziz. À noter que le programme GENIE a remporté le prix de l'UNESCO en 2018 en reconnaissance des avancées effectuées durant les 15 dernières années en matière d'enseignement numérique. Selon les deux expertes de l'enseignement, l'offre pédagogique est donc aujourd'hui disponible, les classes virtuelles sont une réalité. Il reste à améliorer les infrastructures pour permettre la généralisation des tablettes à usage pédagogique auprès des élèves, et la connexion des régions enclavées pour favoriser l'égalité des chances. « Les aspects techniques peuvent être réglés comme l'a démontré la forte mobilisation des opérateurs télécoms et autres partenaires publics et privés, au déclenchement de la crise. Mais, à présent, le plus crucial est de consolider cet élan de solidarité au-delà de la crise, pour améliorer notre performance éducative grâce à la digitalisation », précise Hamza Debbarh. Selon lui, c'est en mobilisant l'écosystème qui réunit l'administration, les enseignants, les élèves et les parents que le Maroc réussira cette transformation managériale, clé de la réforme pédagogique. Les trois intervenants ont reconnu à l'unanimité que ce moment historique marqué par une mobilisation générale devrait faciliter l'émergence d'une nouvelle vision. Celle-ci serait basée sur une approche pédagogique mixant enseignement en présentiel et à distance, avec à la clé, l'adoption rapide d'une batterie de mesures de soutien et d'accompagnement des enseignants et des élèves, et donnant naissance à une école de qualité, accessible à tous.