Oussama Loudghiri, Directeur général de la SNTL Les Echos quotidien : Comment se porte la SNTL ? Oussama Loudghiri : L'activité de la SNTL est globalement bien orientée. En ce qui concerne les résultats 2011, le taux de croissance du chiffre d'affaires est de 7,8%, chiffre dont nous sommes très satisfaits. En ce qui concerne les résultats de l'exploitation et la capacité d'autofinancement, on peut dire que nos objectifs sont atteints. L'année 2012 se présente dans la même tendance et on espère que nous réaliserons la même performance qu'en 2011. Doit-on en conclure que la SNTL tire son épingle du jeu dans un contexte de crise ? Notre performance n'est pas exceptionnelle, puisqu'elle s'inscrit en ligne avec celle du secteur. Ce dernier a souvent fait mieux ces dernières années que la croissance globale du PIB. Nous n'avons malheureusement pas de chiffres exacts, mais grâce au croisement des avis des différents opérateurs, on peut dire que la croissance du secteur est au rendez-vous. Quelle est votre recette ? Nous avons une stratégie quinquennale, qui consiste à nous positionner en tant qu'opérateur logisticien intégré. Nous ambitionnons d'être le leader. Nous le sommes déjà dans le domaine du transport routier, mais nous voulons également être leader dans le secteur des solutions logistiques intégrées. Actuellement, nous développons nos capacités dans ce sens, sur trois axes. Le premier porte sur le développement de nos capacités en ingénierie et nos capacités de pilotage et de coordination. Ceci passe par la compréhension des réels besoins de nos clients, afin de proposer des solutions intégrées adaptées. Le deuxième axe est le développement des partenariats solides, afin de pouvoir être capables de maîtriser la qualité de service et de préserver notre capacité de développement. Il s'agit là des opérateurs définis selon la demande, des sous-traitants ou opérateurs dans le cadre de partenariat capitalistique. Enfin, le troisième axe nous amène à développer des infrastructures, des centres logistiques et des entrepôts, pour massifier les flux et organiser le dispatching de la marchandise. Qu'en est-il de la stratégie logistique nationale? Le retard accusé ne vous inquiète-t-il pas ? Nous nous inscrivons pleinement dans la stratégie logistique nationale, en occupant le rôle d'opérateur logisticien intégré avec des ambitions fortes, sachant que l'agence nationale aura le rôle de régulateur au sein du marché. Malgré le retard accusé par l'Agence, nous restons sereins, car beaucoup de choses ont été réalisées jusque là, ce qui a permis au pays d'améliorer sa position. Nous sommes passés de la 80e à la 50e place. Un grand travail a été fait et ceci sera bénéfique pour l'agence, une fois qu'elle sera lancée officiellement, après la nomination d'un directeur général. Ne risquons-nous pas de perdre des points face à la concurrence internationale ? Nous avons déjà une qualité de service qui nous permet de réduire les coûts logistiques. Nous devons par contre agir sur la demande et l'importance de l'externalisation de la logistique. Il faut signaler que le taux d'externalisation est de 10%. C'est pour cela que nous devons faire un travail de sensibilisation conséquent. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter, même si l'Agence tarde à voir le jour. Le potentiel du marché demeure important, malgré un contexte de crise. On parle d'un million de m2 à transférer aux centres logistiques. Où en est l'état d'avancement de la zone de Zénata, et que vous apportera-t-elle en tant qu'opérateur logistique ? Une structure spécifique sera mise en place dès la mise en marche de l'agence. Elle sera en charge de concevoir l'aménagement de la zone de Zénata, de choisir l'aménageur et de trouver les mécanismes qui permettront de mettre à disposition des opérateurs le foncier nécessaire à la construction des entrepôts. Les travaux concernant la route entre Zénata et le port ont été lancés et ils vont permettre de contourner la route côtière et réduire la circulation. Quelle sera concrètement la valeur ajoutée qu'apportera cette zone de Zénata ? Optimiser la circulation des flux et réduire les coûts logistiques. Ce sont là deux apports clés de cette zone. Cela passe par l'utilisation de la capacité totale des camions. Le regroupement et la centralisation des entrepôts dans une seule zone bien choisie, connectée et pas loin de la ville contribuera à réaliser ce schéma. Ces entrepôts serviront de plateforme pour réaliser des opérations légères, qui permettront de faire ce qu'on appelle «la différenciation retardée», c'est-à-dire stocker la marchandise et livrer en fonction de la demande après les opérations de packaging ou autre, ce qui permet une grande réduction des coûts. Qu'en est il de la gare routière de Kénitra, que vous gérez depuis 2009 et qui devait servir comme expérience-pilote à dupliquer sur d'autres gares ? C'est un service de gestion déléguée de gare routière qu'on propose aux municipalités. Notre savoir-faire et notre système d'information adapté aux gares nous ont permis d'apporter une solution globale aux problèmes qui sévissaient à la gare de Kenitra, tel que le problème des intermédiaires. C'est un modèle réussi, qui nous a permis également d'accumuler de l'expérience et d'être ainsi crédible vis-à-vis de nos clients. On parle de plus en plus d'une éventuelle privatisation de la SNTL. Qu'en est-il réellement ? J'ai pour mission la transformation de cette entreprise, de manière à ce qu'elle soit très performante et efficace d'un côté, et leader sur le marché de l'autre. Nous avons une mission et nous tentons de la réussir. La décision de privatiser ou pas ne nous appartient pas. Quelles sont vos ambitions futures ? aucoup de choses restent à faire. L'activité de l'exploitation des centres logistiques reste à mener à bien et à finaliser. Seuls 36.0002 sur un projet de 200.0002 ont été construits dans une première phase. Nous avons également l'ambition de développer plusieurs activités, notamment celle de la distribution où nous faisons uniquement de la sous-traitance. Nous comptons également renforcer l'intervention de la SNTL dans le transport international routier. Le ministère est en train de finaliser ses recommandations, afin de développer la compétitivité des entreprises marocaines dans le domaine du TIR. La SNTL devra, en tant qu'affréteur, s'appuyer sur des opérateurs locaux et les accompagner pour avoir une qualité de service de haut niveau et accroître leur compétitivité. Pourquoi les opérateurs nationaux ont-ils du mal à percer dans le TIR? Est-ce parce que nous ne sommes pas compétitifs ? En termes de compétitivité, le prix n'est pas l'élément essentiel, mais plutôt la qualité de service et surtout le retour en charge. Il y a également des obstacles majeurs à résoudre, tels que les contraintes administratives de l'autre côté du détroit. Y a-t-il quelques pistes de solutions pour pallier le problème du retour à vide ? C'est avant tout un problème commercial. La commercialisation du fret doit être coordonnée avec l'exploitation. Cela veut dire que lorsque nous avons un flux identifié entre deux villes, nous devons renforcer l'effort commercial pour développer le retour. Ceci est possible, puisque nous sommes présents dans plusieurs villes. Cela influe également sur le prix, puisque le retour à vide constitue une charges à prendre en considération. Qu'est ce qui vous a poussé à créer les deux filiales «SNTL Damco Med Logistics» et «SNTL Immo Med» ? Nous proposons des services à partir de la zone franche de Tanger et pour pouvoir le faire, une présence sur place nous a permis bien évidemment de bénéficier des avantages fiscaux concomitants. Ce qui est nouveau à ce niveau, c'est que nous lancerons les travaux de construction de 60.0002 supplémentaires, avec une partie réservée à la SNTL et 42.0002 réservés à d'autres opérateurs logisticiens. Ces travaux se feront sous la supervision de l'Agence, dans un esprit de transparence et d'équité.