L'Alliance des indépendants (ADI) relance le débat sur les cahiers des charges des télévisions publiques. Où en sont-ils ? Que fait la commission chargée de «revoir» le dossier, sous la houlette de l'ancien ministre de la Communication et actuel ministre de l'Habitat, Nabil Benabdellah ? Que font les chaînes de télévision en attendant ? Autant de questions que les membres de l'alliance, aussi bien les professionnels du secteur, les communicateurs, les entrepreneurs ou les politiciens, se posent et ont choisi de partager en début de semaine avec d'autres professionnels du champ médiatique national. Autour de la table, Anas Doukkali (PPS), Fatiha Layadi (PAM), Nadia Lamlili (Rédactrice en chef du magazine Economie et entreprise) et Mohamed Douyeb (Rédacteur en chef adjoint des Echos quotidien), ont donc animé un débat dans lequel tout le monde semble se retrouver, et pour cause, la télévision n'est-elle pas le média de masse par excellence ? Un casse-tête audiovisuel Bien que l'on regrettera l'absence du ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi ou de l'un de ses représentants, de même que pour Benabdellah ou de l'un des députés du PJD, s'étant tous désistés, quelques jours avant la rencontre, les participants au débat avaient pour souci principal «d'émettre des recommandations» à soumettre à ladite commission. Seulement voilà, difficile de faire des recommandations quand on ne sait pas précisément ce qui dérange. Si pour certains, des mesures telles que l'arabisation, l'appel à la prière ou l'augmentation du taux de production des chaînes est problématique, dans la mesure où elles posent des contraintes d'ordres financier, logistique et soulèvent des problématiques fondamentales telles que celle de l'enseignement, pour d'autres, la vraie question est de savoir ce qui est demandé à nos chaînes nationales ? «Nous voulons que nos télévisions fassent de l'audience à travers une programmation séduisante et dans le même temps, nous voulons qu'elles soient sérieuses et informatives» lance Fatiha Layadi. C'est cette équation «impossible» qui, de l'avis des participants au débat, semble être la source de ce casse-tête audiovisuel, et Lamlili de s'interroger : «fallait-il laisser le ministre appliquer ces cahiers des charges et ensuite opérer une refonte des chaînes nationales, tel qu'il l'avait prévu, ou aurait-il été plus judicieux de remettre à niveau le pôle public avant de parler de changement de leurs prérogatives ?» Sur ce point, les avis sont partagés, et encore une fois, il eût été difficile de trouver la réponse, sans avoir une idée précise de la pluralité des désirs de ceux qui regardent la télévision nationale. En effet, si Al Oula, 2M et les autres chaînes publiques (hors Medi1 TV) peuvent se targuer d'obtenir une part d'audience de plus de 40% (selon les chiffres de Marocmétrie), laquelle se cache derrière ces chiffres. Faut-il penser une télévision pour ceux qui en débattent, sans forcément la regarder ou bien pour ceux qui la regardent et l'écoutent sans forcément faire la fine bouche ? C'était encore une question sans réponse. Du moins pour le moment. De l'avis de Mohamed Douyeb, ce qui est sûr, c'est que «ces cahiers des charges auront eu le mérite de créer un débat public sur le paysage médiatique marocain». En effet, pour la première fois, tous les téléspectateurs marocains, avertis ou pas, ont pris la parole à leur manière (médias, réseaux sociaux, espaces publics...) pour donner leur avis sur la télé qu'ils voudraient voir, ou plus exactement, sur celle qu'ils ne voudraient pas avoir.