Le marché de l'immobilier n'a pas été épargné par la crise sanitaire liée au Covid-19. L'étude du site dédié aux transactions immobilières Mubawab fait état d'un premier trimestre 2020 en berne compte tenu du contexte actuel. Avec un marché qui maintient pratiquement un offre similaire à celle de 2019 (80% des biens proposés sont des appartements et 38% des biens proposés sont neufs), la demande n'a également pas beaucoup évolué (64% des personnes souhaitant acheter sont à la recherche d'appartements, 10% de personnes souhaitant acheter sont à la recherche de villas contre 12% l'année dernière). Si, à première vue, les proportions semblent maintenir une certaine stabilité, la situation au niveau microéconomique est toute autre. L'étude a fait ainsi ressortir une baisse nette des valeurs absolues et ceci dès la fin du mois de février. Que ce soit pour l'offre ou pour la demande, pour les appartements ou les villas, pour l'ancien ou pour le neuf. «Tel un micromarché, le comportement de l'offre et de la demande sur Mubawab.ma est étroitement lié à la conjoncture», commente Kevin Gormand, Co-Fondateur et directeur général de Mubawab. L'offre d'appartements fait face à une baisse de 23% pour le neuf et de 28% pour l'ancien. L'offre de villas connaît, quant à elle, un repli de 52% pour le neuf et de 29% pour l'ancien. Concernant le site immobilier, l'effet de saisonnalité est écarté puisque l'offre ressort habituellement en hausse à cette période de l'année. Les tendances relevées au terme de ce premier trimestre 2020 défient ainsi toute logique. Il est à noter que l'offre au premier semestre 2019 marquait une progression de 86% pour les logements neufs et de 30% pour les logements anciens. En face, la demande se réduisait d'à peine 18% pour les appartements et 10% pour les villas. Pression sur les prix des appartements Depuis le début de l'année, les prix des appartements neufs comme anciens baissent. Après un second semestre 2019 très optimiste avec une évolution de 5%, le prix des appartements neufs enregistre une baisse de 7% sur le premier trimestre 2020 (contre -10% sur la même période de l'année précédente). Pour l'ancien, les prix continuent de se déprécier avec -4% enregistrés au premier trimestre 2020 (contre -17% sur la même période de 2019). En revanche, suivant une toute autre tendance, les prix des villas neuves comme anciennes sont à la hausse. Ainsi, après une légère perte au second semestre 2019, la hausse des prix des villas neuves reprend de plus belle avec une progression de 5% sur le premier trimestre 2020 (contre +2% sur la même période de l'année passée). Les prix des villas anciennes, quant à eux, affichent une hausse de +1%. Tendances par régions «Dans les circonstances actuelles, l'on pourrait s'attendre à de grands chamboulements dans les prix/m2 moyens dans les villes du royaume. Toutefois, cela n'est pas réellement le cas», remarque Mubawab. C'est donc sans surprise que l'on note un déclin des prix dans les villes telles que Tétouan, Rabat et Marrakech. À l'inverse, des hausses qui oscillent entre 1% et 11% sont enregistrées à Agadir, El Jadida, Fès, Meknès, Mohammédia et Tanger. Toutefois, une grande stabilité plane sur Casablanca, Kénitra, Salé et Témara qui étaient, dans les éditions précédentes du Guide Mubawab de l'Immobilier, les quatre villes les plus attractives pour les investisseurs. Perspectives En plus de la stabilité sur certaines régions, une autre note positive apparaît dans le guide : malgré la forte baisse, le rapport de l'offre par rapport à la demande reste positif dans la mesure où seulement 52% de la demande est exploitée. Le potentiel de croissance est donc une réalité. «2019 aura été pour le marché marocain de l'immobilier une année en demi-teinte, marquée par une demande tendant vers un ralentissement. Début 2020, en raison de la crise sanitaire sans précédent, le marché tourne au ralenti. Dans une économie post-Covid-19 qui s'annonce incertaine, particulièrement pour le secteur de l'immobilier et celui de la construction, la question est de savoir comment orienter ses plans stratégiques pour amorcer le processus de reprise économique», conclut Kevin Gormand. Pour certains économistes, la baisse devrait encore se poursuivre sur les mois à venir. La période du confinement et l'arrêt d'activité de plusieurs secteurs menaçants les revenus des possibles acheteurs les pousseraient à prendre du recul et à reconsidérer leurs projets d'achats.