La campagne agrumicole aura souffert cette année. Deux vagues de chaleur, enregistrées début mai et mi-juin, ont en effet provoqué d'importants dégâts sur les exploitations d'agrumes. La dernière vague de chaleur, qui s'est abattue la semaine dernière sur le pays, a d'ailleurs principalement touché les agrumes, épargnant plus ou moins le reste des fruits et légumes, d'après les propos de Tariq Kabbaje, SG de l'Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL). «Dès l'annonce du sinistre, nous avons, comme à l'accoutumée, mis en place des commissions pour évaluer l'ampleur des dégâts», explique ainsi Ahmed Derrab, SG de l'ASPAM. Il en est ressorti que 4 régions ont été particulièrement touchées. La plus affectée est aussi celle qui produit et exporte plus de la moitié des agrumes marocains. Le Souss a ainsi enregistré en moyenne 70% de pertes de production. «La moyenne générale des pertes y est de 70%, mais les dégâts varient entre 50 et 80% en fonction des vergers», précise Ahmed Derrab. La région de Marrakech n'est pas en reste avec des pertes estimées entre 30 et 35% de la production. Tadla-Beni Mellal aurait quant à elle perdu entre 30 et 40% de sa production d'agrumes et enfin, la région du Gharb aurait des pertes estimées entre 25 et 35% de sa production. Les régions de l'Oriental et de Larache ont en revanche été épargnées. L'ASPAM signale par ailleurs que 2 types d'exploitations ont été les plus sévèrement atteintes. Il s'agit en l'occurrence des jeunes vergers où les plantations n'ont qu'entre 1 et 5 ans, et les plantations qui n'ont pas été irriguées préalablement soit par manque d'eau, soit par manque de préparation de la part des exploitants. Doléances Au final, après le passage de ces deux vagues de chaleur, sachant qu'une autre devrait également s'abattre sur le pays d'ici mi-juillet, la campagne agrumicole 2012-2013 (octobre-juin) s'annonce difficile. «À fin juin, nous avions déjà plus ou moins terminé la campagne 2011-2012. Les récents dégâts constatés concernent ainsi la prochaine campagne agricole. Une partie de la récolte est partie en fumée. La chaleur a en effet tué de nombreux embryons de fruits, ce que l'on appelle l'état de nouaison», précise Ahmed Debbar. Pour les agriculteurs, il est donc évident que les pertes de recettes seront aussi importantes que les dégâts constatés. «Les recettes attendues seront de fait faibles. Beaucoup d'exploitants ne vont pas pouvoir couvrir leurs frais d'exploitation», s'inquiète Ahmed Debbar. Afin d'accompagner les producteurs, le SG de l'ASPAM a demandé plusieurs mesures de soutien. Il a ainsi pris contact avec le Crédit Agricole pour lui demander d'accepter de faire un rééchelonnement des encours des crédits de campagne. Le ministère de l'Agriculture a également été saisi afin d'intervenir auprès du Crédit Agricole pour appuyer la demande de l'ASPAM. Cette dernière s'est également chargée de solliciter aux offices de mise en valeur agricole, un rééchelonnement du paiement des redevances d'eau, surtout pour les zones irriguées par barrage. Une telle demande est également parvenue à l'ONE pour ce qui concerne les factures d'électricité, qui touchent principalement les exploitations équipées de motopompes - pour accéder à l'eau des puits. Plus important encore, l'ASPAM requiert auprès de la MAMDA, l'accélération de la mise en place de l'assurance multi-risques pour l'arboriculture, et l'intégration de la chaleur comme risque. Prévue initialement pour 2012, celle-ci n'est toujours pas opérationnelle et ne bénéficie qu'aux producteurs de céréales et légumineuses. En outre, elle ne prévoit que le risque gel pour l'instant. De l'ensemble de ces doléances, l'ASPAM n'a pour l'heure obtenu aucune réponse. Elle s'en retourne donc vers le Parlement pour mobiliser les parlementaires issus du secteur agricole et sensibiliser ainsi la Chambre des représentants à la cause des exploitants agrumicoles. En attendant, l'ASPAM s'apprête à vivre une troisième vague de chaleur.