Un vent nouveau pourrait bien souffler au rayon café des supermarchés. L'instrument réglementaire qui régit le commerce du café, de la chicorée et du thé, soit l'arrêté viziriel datant de 1951 est en effet en passe d'être modernisé pour mieux répondre à la fois aux besoins des professionnels du café et aux attentes des consommateurs. Un projet de décret a ainsi été récemment déposé au secrétariat général du gouvernement. «Devant l'insistance de certains professionnels», précise le département de l'Agriculture et de la pêche maritime, comme pour souligner sa réactivité face aux sollicitations des opérateurs. Ainsi, le ministère de tutelle a élaboré, en concertation avec les membres de la Fédération nationale de l'agro-alimentaire ( FENAGRI), «un projet de décret modifiant et complétant l'arrêté viziriel du 21 mai 1951 réglementant le commerce du café, de la chicorée et du thé». En vertu de ce nouveau texte, une fois entrée en vigueur, les opérateurs du secteur du café seront autorisés à «procéder à des mélanges de café avec des épices, et compte tenu du fait que les cafés épicés ou aromatisés consistent en de nouveaux produits de plus en plus demandés par le consommateur». Booster la consommation Approuvé par la Commission de la réglementation de la Fédération nationale de l'agroalimentaire, ce projet de décret, en autorisant ainsi l'addition d'épices, permettrait aux importateurs marocains de café d'élargir leurs offres-produits et de s'aligner ainsi sur les innovations existantes à l'international. Un filon intéressant si l'on prend en compte l'arrivée récente sur le marché national, et le succès qui s'en est suivi, de certaines chaînes spécialisées dans la consommation du café. Techniquement, les nouvelles dispositions, sous réserve de leur approbation, attribuent la dénomination «café moulu épicé» ou «café moulu aux épices» au mélange de café et d'épices, telles que la cannelle, le gingembre, la cardamone, la girofle, la muscade, le poivre blanc et la coriandre. Cela, à condition que «les proportions d'épices cumulées ne dépassent pas 2% de la composition du produit final», précise le texte déposé dans son article 1er bis. Les notions de «café moulu épicé» et de «café moulu aux épices» s'ajoutent ainsi aux habituelles dénominations. Au final, ce texte permet de moderniser une réglementation du café qui date de plus d'un demi-siècle pour l'adapter enfin aux normes internationales et aux normes de fabrication modernes. Il faut savoir que le marché marocain du café est estimé à plus du milliard de dirhams. Près de 35.000 tonnes de café sont importées, chaque année, la moitié est d'ailleurs distribuée en vrac et pourtant les Marocains ne consomment que 700 grammes de café chaque année, contre par exemple 6 kg en France. Confronté, comme quasiment l'ensemble de l'agroalimentaire, à la contrebande, à la concurrence turque et égyptienne, le secteur du café au Maroc était jusque-là moribond. Espérons que la potentielle approbation de ce texte permettra de dynamiser l'offre et ainsi de booster la demande.