«Nous souhaitons que l'Initiative Conjointe s'inscrive dans une approche plus large invitant le Maroc [...] à déployer plus d'efforts pour améliorer ses capacités à gérer la migration dans toutes ses formes». C'est, en ces termes, que Johannes van der Klaauw, représentant du Haut commissariat de réfugiés (HCR) au Maroc, a conclu son propos lors de la présentation de l'Initiative conjointe sur la migration et le développement (ICMD) à la presse marocaine. Le ton est donné. Objectif avoué de l'initiative: développer les liens entre diaspora et pays d'origine exploitant le potentiel de développement que recèle la migration. Mais, personne n'est dupe, et l'UE la première car il s'agirait surtout de nous aider à limiter l'immigration illégale vers l'Europe, qu'elle soit marocaine ou subsaharienne. L'ICMD touche ainsi 16 pays à fort taux d'immigration vers l'Europe, et finance entre autres, 55 projets de développement de petits acteurs locaux pour un montant total de 10 millions d'euros. Une coopération coûteuse ! Le Maroc arrive en tête avec 7 projets financés à hauteur de 1,3 million d'euros. Ce sont tous des projets s'articulant autour de 4 secteurs d'activités précis, impliquant à chaque fois une association du Sud et une autre du Nord, et ce, dans des régions à forte propension migratoire (Orientale, Chaouia, etc.), en lien avec la diaspora marocaine des pays européens. Eneko Landaburu, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union Européenne au Maroc, s'explique sur la position de leader du Maroc : «Le Royaume du Maroc est un pays clé en matière d'immigration... auquel est alloué une des plus grosses enveloppes budgétaires dans le cadre de la politique de voisinage». Le Maroc incontournable pays d'immigration Ainsi, l'Union Européenne finance et le système des Nations Unies organise, impliquant 5 de ces organes au Maroc, notamment le HCR, l'Organisation internationale du travail (OIT) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Et Marc Fawe, chargé de coordination inter agence du système des Nations Unis, de préciser «l'ONU vit en ce moment un mouvement de réforme visant à favoriser un meilleur travail commun entre les organes de l'ONU. Au Maroc, la coopération est particulièrement réussie». Parce qu'en plus du financement de projets dans différentes régions des 16 pays, cette initiative permettra de mettre en place, au niveau de l'ONU, une sorte de guichet unique de l'immigration, avec un site web et la production d'outils techniques comme des manuels de «best practices». Tout le monde y trouve ainsi son compte. D'une part, l'UE limite l'immigration illégale sur son sol, d'autre part, les Nations Unies s'organisent en matière de gestion et de collecte de données sur la question, et, de son côté, le Maroc apprend à gérer son immigration. Des projets mais surtout des solutions Parmi les sept projets marocains retenus, le Projet «Aviculture Ouled Daoud Azekhanine» permettra de dupliquer des projets dans le domaine avicole. «Association migrante, association villageoise : une mise en réseau pour un développement local et solidaire au Maroc», autre projet qui mettra directement l'accent sur la coopération Nord-Sud dans le domaine migratoire. Le projet «création d'entreprises et encouragement du tissu productif dans la région de l'Oriental» vise à favoriser le transfert de compétences vers le Maroc de la diaspora installée dans la région de Murcie. Un troisième projet, «Droit des migrants et altérité culturelle», s'orientera plus spécifiquement sur la question du traitement des migrants subsahariens au Maroc. Enfin, «la migration circulaire féminine, vecteur de développement» s'attellera à donner des cours de langue et de finance aux Marocaines se rendant en Espagne pour y travailler temporairement.