Ce n'est pas le Maroc qui dirait non aux investissements arabes et, pourtant, la dynamique semble ne pas suivre l'intérêt. Ceux-ci ne représentent ainsi que 10% du total des Investissements directs étrangers (IDE) adressés au Maroc à 22,4 milliards de DH, selon les derniers chiffres disponibles pour cette région, et qui datent de 2010. Les pays arabes se situent ainsi derrière la France, qui en a concentré 39% des IDE durant toute la période de 2000 à 2009. «Les investissements arabes arrivent en deuxième place, derrière la France qui est suivie par le Koweït (16%), l'Espagne (14%), les Emirats Arabes Unis (8%) et les USA (3%)», a commenté Waleed Fayçal Al Fahid, président du Club des investisseurs arabes au Maroc et directeur général du Consortium maroco-koweitien pour le développement (CMKD), lors de la rencontre organisée, jeudi dernier, par HEM sur le thème, «Quelle présence pour les investissements arabes au Maroc». Aujourd'hui, les investisseurs arabes, notamment ceux des Emirats Arabes Unis, de l'Arabie Saoudite, du Koweït ou Qatar, misent notamment sur le tourisme et l'immobilier. Ne sont-ils pas informés des opportunités d'investissements que recèlent par exemple les secteurs industriels ? «Il faut baliser le terrain à l'investisseur étranger pour que le partenariat soit réussi. Le Maroc a mis en place une vision globale pour l'économie, en développant des stratégies sectorielles. Une démarche unique que d'autres pays arabes n'ont pas adoptée», a argué Al Fahid, qui a rappelé la stratégie touristique (Plan Azur..), la stratégie énergétique (Plan solaire) et le pacte national pour l'émergence industrielle. Une vision économique globale, conjuguée à une stabilité politique, une réglementation rigoureuse, une justice réformée, des politiques d'encouragement des investissements (infrastructures, autoroutes, incitations...), une promotion des opportunités des investissements... autant de facteurs qui permettent de drainer les investissements. Changement de mentalité «Avant de décider d'investir dans un pays comme le Maroc, nous étudions des indicateurs sur le revenu par habitant, les contributions sectorielles à la croissance pour cibler les secteurs à investir. Nous examinons aussi d'autres éléments liés notamment à la taille du marché, au pouvoir d'achat, aux infrastructures et au coût de la main d'œuvre», a-t-il précisé. Ce qui indique un changement de mentalité chez les investisseurs arabes. Ils se montrent plus prudents que par le passé dans l'acte d'investir en misant sur les pays les plus stables politiquement et sur les secteurs dont la rentabilité est sûre à moyen terme. Les événements du 11 septembre y sont pour beaucoup. En fait, l'histoire de ces pays avec le Maroc date depuis longtemps, mais les investisseurs arabes n'ont commencé à redécouvrir le pays qu'à partir des années 70, grâce notamment à deux principales raisons : la première étant l'adhésion du Maroc au Gatt en 1987 et la déferlante vague de privatisation qui s'en est suivie. Cela sans omettre la montée en flèche des prix du pétrole de 9 dollars dans les années 70 à plus de 80 dollars, durant ces dernières années. «Les dépôts des pays arabes à l'étranger se hissent à près de 5 trillions de dollars», a précisé Al Fahid. Pour dire que le potentiel d'investissements des pays arabes au Maroc est énorme. D'autant que les accords de libre échange conclus par le royaume, donnent accès à un marché de plus d'un milliard de consommateurs, suite aux accords de libre échange signés avec 55 pays.