C'est à l'initiative de la faculté des lettres et des sciences humaines de Marrakech, et avec le concours du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), que s'est tenu les 28 et 29 mai à Marrakech, un colloque sous le thème «La communauté musulmane et la question de l'intégration et de la coexistence». Ce sont donc des chercheurs et académiciens de toutes les universités marocaines, qui ont fait le déplacement dans la ville ocre pour se pencher sur une question, à la fois, importante et complexe. Une question qui fait couler encore beaucoup d'encre et suscite l'intérêt grandissant tant des décideurs que des politiciens, historiens et sociologues. Dans son allocution, le secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, s'est arrêté sur nombre de problématiques engendrées par le défaut d'intégration de la communauté musulmane dans les pays d'accueil. Selon lui, les concepts d'intégration ou encore de coexistence semblent être dépassés, et il est temps de faire prévaloir la notion de citoyenneté effective. C'est dire que les membres de cette communauté sont des citoyens dans leurs pays d'origine et doivent l'être aussi dans les pays d'accueil, à travers la garantie de leurs droits. C'est d'une telle manière que pourra s'opérer l'intégration de ces individus dans des sociétés où, la qualité marquante reste la diversité religieuse, culturelle ou ethnique. «Pour ce faire, les membres de cette communauté se doivent de faire montre d'un degré élevé de compréhension de l'autre, en se frottant davantage à sa culture, en s'ouvrant sur sa religion, et en tentant de comprendre sa manière de penser et de percevoir les choses», estime ce spécialiste, sans pour autant oublier d'affirmer qu'un effort non négligeable doit être consenti dans le sens de la correction de certains préjugés, clichés et images stéréotypées et souvent éloignées de la réalité, que certains citoyens occidentaux peuvent avoir sur les musulmans et l'islam. Les autres conférenciers ont, à tour de rôle, préconisé l'intégration mais aussi la coexistence positive de la communauté musulmane dans les pays hôtes, bien qu'ils admettent qu'une telle entreprise ne peut être aisée parce qu'une telle intégration doit être faite dans un parfait respect, c'est à dire sans remettre en cause, de quelconque manière, les spécificités mais aussi l'identité des membres de ladite communauté. «Un effort colossal doit été déployé pour éradiquer certains phénomènes, malheureusement, en nette recrudescence, lesquels nuisent directement aux membres de la communauté musulmane, les exposent directement à la marginalisation, et à l'exclusion pure et simple, tout en les menaçant même dans leur intégrité physique et psychique», par référence à la xénophobie, le racisme ou encore l'Islamophobie. Ils déplorent aussi cette crise d'identité mais aussi d'appartenance, dont souffrent les membres de la communauté musulmane établie à l'étranger, tout en soulignant l'impératif de garder les liens avec les pays d'origine et les raffermir davantage de manière à garder cet attachement des enfants à la mère- patrie. Il s'agit là de repères à préserver. D'autres participants ont remonté loin dans l'histoire de la présence de la communauté musulmane dans les pays de l'émigration, pour mettre en avant les efforts inlassables consentis par cette communauté dans la reconstruction de l'Europe de l'après-guerre ainsi que dans la généralisation et la préservation de l'islam dans les pays d'accueil. Approfondir les débats autour de cette thématique a été donc possible grâce à la programmation d'une série de tables rondes traitant notamment des «fondements islamiques et (des) arguments culturels de l'intégration», des «limites constructives de l'intégration», des «champs et domaines d'intégration de la communauté musulmane dans les pays d'accueil».