La filière de l'agriculture biologique est encore balbutiante, mais se veut déjà ambitieuse en termes de projets, aussi bien de production que de réglementation. Elle vient de fait de mettre en œuvre sa première initiative Pilier 1, depuis la signature de son contrat-programme avec l'Etat, il y a une année de cela. Un premier projet d'agrégation a en effet pu voir le jour en 2011, sur la base d'un investissement total à terme de quelque 14 millions de dirhams. Un nombre de 25 opérateurs agricoles sont connectés à cette agrégation. Ce premier acquis vient rejoindre un autre, à aspect législatif cette fois. Le gouvernement vient d'introduire dans le circuit réglementaire une proposition de loi relative à la production biologique. Les enjeux sont légion. L'un des plus importants s'adresse d'abord à l'amont de la filière. «La majorité des produits concernés par ce type de production est destinée à l'exportation. Cependant, en l'absence d'une législation nationale adéquate, la progression des exportations de produits biologiques demeure en deçà du niveau désiré», explique la tutelle. Ce texte permettra ainsi d'offrir aux opérateurs la visibilité qu'il leur faudrait pour relever les différentes contraintes qui gênent le développement de la filière. Ces contraintes portent notamment sur la faiblesse de la technicité des producteurs, ainsi que sur la nécessité de l'enrichissement des facteurs de production, tels les fertilisants organiques et les bio-pesticides. À cela, s'ajoute la combinaison d'autres boulets aux chevilles de la filière. Il s'agit plus précisément des coûts de certification jugés trop élevés, ainsi que de procédures de contrôle contraignantes édictées par les organismes de contrôle et de certifications étrangers. Quête de conformité L'autre facteur qui a poussé la tutelle à accélérer la procédure réglementaire concernant cette filière est principalement lié aux récentes conclusions de l'accord d'échanges de produits agricoles avec l'Union européenne. Ce marché est le principal débouché pour les produits de la filière agricole bio, un aspect qui rend obligatoire la mise en place d'un cadre juridique semblable à celui du règlement européen en vigueur, notamment la norme CE 834/2007. L'idée est d'établir l'équivalence indispensable à la reconnaissance de ces produits sur le marché des 27. «Il est apparu nécessaire à l'agriculture marocaine de se repositionner sur ce marché particulier, d'édicter une législation spécifique à ce mode de production agricole», commente-t-on auprès de la tutelle. Par ailleurs, ce projet réglementaire devrait ainsi, sans transition, mener vers une politique de promotion des investissements dans la valorisation des produits agricoles. Ceux-ci sont pour le moment à un niveau quasi-inexistant, mise à part la seule initiative d'agrégation réalisée en 2011 et citée un peu plus haut. Akhannouch, le ministre de tutelle, en espèrerait certes davantage pour les prochaines échéances de Maroc Vert. De plus, au-delà des objectifs classiques de développement durable et de sauvegarde de l'environnement, le texte en projet devrait permettre à la filière de répondre à une demande exponentielle, tout en prenant en compte les exigences de qualité liées aux produits agricoles et aquatiques, issus de la production biologique.