Le prestigieux palace la Mamounia a décerné, ce week-end, son premier prix littéraire éponyme à l'écrivain Mahi Binebine pour son œuvre «Les étoiles de Sidi Moumen». Le jury, composé notamment de personnalités du monde de l'édition, a salué la qualité romanesque des œuvres en compétition, soulignant pour l'occasion que le Maroc, au travers de ses écrivains, contribuait au rayonnement de la langue française de par le monde. «Aucun des livres écrits par un Marocain ne pourrait l'être par un Français, à moins de ne tomber dans l'exotisme, mais ça n'aurait aucun sens», commente à ce titre Daniel Picouly, écrivain primé par le prix Renaudot et célèbre animateur télé. Le président du jury, Guillaume Durand, a exprimé qu'au vu de la qualité des œuvres en compétition, la nomination du lauréat s'est faite sur la base d'une décision cornélienne. De son côté, Denise Bombardier, journaliste, romancière et productrice canadienne, a indiqué qu'elle bataillerait pour la publication de chaque ouvrage entré en lice, dans le pays d'origine de son auteur. L'art au pluriel Pour certains la consécration de Mahi Binebine est loin d'être une surprise. C'est un touche à tout et touche partout, connu et reconnu en France, en Espagne, à New York où une galerie lui est entièrement dédiée. Cet écrivain est à l'opposé de ce que l'on ressent en lisant ses romans ou en admirant ses sculptures ou ses peintures. Son travail d'artiste se traduit bien souvent par des sentiments de violence, de dureté et de désespoir de la vie. Binebine vu par Guillaume Durand Son dernier roman «Les étoiles de Sidi Moumen» ne déroge pas à cette règle. Pourtant, Mahi Binebine est tout autre, plein de vie et souvent empreint au ton satirique et sarcastique pour parler de la vie. Il dit, lui-même, trouver dans ses œuvres un exutoire, c'est de cette façon qu'il en sort libéré et plein de vie. «Les étoiles de Sidi-Moumen» est un roman qui, une nouvelle fois, se veut fort et lourd de sens critique empli de vérité. «Mahi Binebine nous renvoie à John Steinbeck dans son œuvre Des souris et des hommes», dira de lui, Guillaume Durand, président du Jury du prix littéraire de la Mamounia. L'oeuvre de Binebine est basée sur les événements douloureux qui ont endeuillé le Maroc en 2003 à Casablanca, suite aux attentats terroristes. Ce roman trouve une dimension universelle, car il renvoie directement sur les principaux maux du monde actuel. À travers ses livres, Binebine met en lumière une vérité souvent brutale, mais qui ne trouve pas naissance dans le mal, mais plutôt dans le désespoir. Il nous renvoie ainsi au rapport à l'autre. L'artiste et écrivain confie que son roman sera bientôt adapté sur le grand écran, puisque les droits du film viennent d'être signés par le cinéaste Nabil Ayouch. Toujours selon le romancier, le tournage débuterait, prochainement, avec la participation de plusieurs enfants de Sidi Moumen.