Fin 2010, les comptes du CIH seront enfin apurés, parole de Rahhou. Et c'est un homme homme de parole. Le marché sait qu'il peut lui faire confiance surtout si l'engagement est pris en public, à l'occasion de la présentation des comptes semestriels de la banque. En effet, la période d'assainissement pour laquelle le président a été inititalement nommé sera rapidement achevée, du moins sur le volet comptable. La récente transaction conclue avec la CDG et au terme de laquelle sept unités hôtelières ont été cédées au bras financier de l'Etat n'y est pas étrangère. En effet, celle-ci devrait permettre à la banque de se débarrasser d'une charge de 77 MDH qui viendra libérer les fonds propres de l'établissement. «Ces unités ont été génératrices de pertes depuis trois ans, sans oublier que le CIH était jusque-là le seul banquier à traiter avec ces hôtels», explique le président du groupe bancaire. Ce dernier rappelle également que la liquidation de ces unités, qui ont été acquises suite à un conflit avec la chaîne Salam, aura un impact sur plusieurs indicateurs de la banque, à commencer par le ratio de solvabilité. Celui-ci, s'établissant déjà à une moyenne bien supérieure à celle du système bancaire, soit 16% contre 10% exigée par Bank Al-Maghrib, se verrait renforcé davantage avec la libération des fonds propres des charges des hôtels. Aussi «cela devrait nous permettre d'améliorer notre ratio de liquidité comme le souhaite la banque centrale», ajoute Ahmed Rahhou. En effet, Jouahri aurait récemment «conseillé» au CIH de faire des efforts pour améliorer son ratio de liquidité, lequel est naturellement impacté par la prépondérance des crédits immobiliers dans le portefeuille des créances. Dans ce sens, une partie du prix de cession sera incessamment placée en bons du Trésor à maturité d'un an. Ceci sans dire que le reste des fonds sera intégré dans la trésorerie de la banque et, partant, sera immédiatement liquide, contrairement à la détention des hôtels en nature. Ce qui laisse ressortir un schéma plutôt complexe pour la transaction conclue avec la CDG. Cette dernière devra en effet payer pour ces unités, avant de céder par la suite ses parts dans Maroc Leasing et Sofac. Et c'est là qu'intervient l'opération d'augmentation de capital promise pour novembre prochain et à laquelle la CDG s'est engagée à participer. En d'autres termes, la CDG va racheter les unités hôtelières appartenant au CIH, et financera une grande partie du rachat des parts de Maroc Leasing et Sofac par l'établissement bancaire. C'est dire que cette opération se traduira par un véritable jeu d'aller-retour de cash, qui apportera un grand bol d'air au CIH. Par ailleurs, «au niveau des indicateurs de résultats, on notera une économie des frais de gestion induits par la gestion hôtelière en direct», rajoute le président de la banque, qui souligne par là même une amélioration du PNB et du résultat consolidé. Ceci dit, la cession de ces boulets n'est pas la seule raison qui pousse le top management du CIH à croire en un assainissement des comptes d'ici la fin de l'année. Plusieurs éléments non récurrents disparaîtraient en effet d'ici la clôture de l'exercice, à commencer par les provisions pour litige fiscal. La banque qui a fait l'objet d'un contrôle fiscal, pour lequel une provision a été constituée mais qui n'apparaît pas en tant que telle dans les comptes consolidés en IFRS, devrait disparaître à la clôture des comptes 2010, puisque la banque aurait trouvé un arrangement avec le fisc pour le règlement de ce contentieux. Aussi, Ahmed Rahhou annonce qu'un effort particulier sera déployé pour extraire le risque résiduel, relatif au contentieux des dossiers anciens, des comptes de l'année 2010. «Au pire des cas, si aucune créance n'est récupérée, le risque résiduel coûterait 50% des bénéfices attendus pour 2010», précise le président. Ceci sans oublier l'effet de l'effort de rationalisation des coûts, dont le résultat apparaîtra surtout en 2011 avec une baisse de la masse salariale de la banque. C'est dire que la mission d'assainissement du CIH sera bientôt achevée. Si c'est vraiment le cas, cela dépasserait les attentes de la communauté financière et Ahmed Rahhou aura marqué encore plus de points pour ses qualités managériales et sa grande technicité financière. Ceci dit, l'assainissement en soi ne devrait être que le commencement d'une nouvelle ère pour le CIH en vue de devenir une banque universelle en bonne et due forme.