L'effet des vacances ne manque pas d'influencer la Bourse de Casablanca. Depuis plusieurs séances, les volumes se sont inscrits en forte régression, particulièrement sur le marché central où les investisseurs se font rares, et les performances des indices s'établissent souvent dans le rouge; mais cette tendance risque bientôt de s'estomper, voire de s'inverser. C'est du moins, ce que l'on pourrait conclure à la lecture de la récente étude menée par les Chercheurs de l'université américaine de New Hampshire. Ces derniers ont, en effet, analysé le comportement des Bourses arabes, y compris celle du Maroc, pendant le mois sacré. Et leurs conclusions ne manquent pas de surprises! «Le rendement des actions est supérieur de neuf fois dans les pays à prédominance musulmane durant le mois sacré de Ramadan, comparativement avec les autres périodes de l'année», peut-on relever dans le rapport des chercheurs américains. Ces derniers ont, en effet, procédé à l'analyse des données déclarées durant le mois de Ramadan par les Bourses de 14 pays arabes, sur la période allant de 1989 à 2007. En tout, ce sont 19 mois de Ramadan qui ont été étudiés. «Les résultats montrent que les rendements des actions durant le mois de Ramadan sont en moyenne beaucoup plus élevés et moins volatiles par rapport au reste de l'année», ajoute-t-on dans l'étude. Les résultats montrent également qu'il n'y a pas de changement perceptible dans le volume des échanges entre le mois de Ramadan et les autres mois de l'année lunaire islamique. Ceci s'expliquerait essentiellement par l'humeur positive qu'induit le mois sacré sur les investisseurs et, de ce fait, sur leur appréhension des valorisations des marchés. Aussi, les Chercheurs précités, se basant sur des analyses médicales démontrant que Ramadan est synonyme de bonne santé pour les Musulmans, estiment que la demande d'actions peut également augmenter en raison de l'état de santé favorable dont bénéficient les investisseurs musulmans. En effet, d'après des spécialistes de la finance comportementale, «les ménages en bonne santé ont tendance à tenir une plus grande part des actifs risqués dans leur portefeuille». À la lumière de cette analyse, les Chercheurs de l'université de Hampshire s'attendent à ce que la période de Ramadan connaisse une augmentation notable du prix des titres risqués. Cependant, l'étude ne manque pas de souligner qu'il existe des différences dans les moyennes de rendement recensées dans les pays de l'échantillon. Ainsi, 11 des 14 pays ont eu des rendements plus élevés en moyenne durant le mois de Ramadan au cours de la période de l'analyse. Dans l'ensemble, «le rendement moyen réalisé par les investisseurs durant le mois sacré a été de 38,09%, comparativement avec un gain modeste de 4,32% sur le reste de l'année», rapportent les Chercheurs. Les résultats divergents des trois autres pays doivent néanmoins être interprétés avec prudence. Les déductions pour Bahreïn et l'Arabie Saoudite sont, en effet, basées sur un nombre limité d'observations, alors que la plupart des difficultés rencontrées par l'Indonésie l'ont été au cours de la crise asiatique qui a coïncidé avec le Ramadan. Ceci étant, le Ramadan, en soi, ne peut expliquer les changements que connaissent les Bourses arabes pendant cette période. C'est plutôt, le changement psychologique qui marque les investisseurs musulmans, qui impacte positivement le rendement des places boursières. C'est du moins, la conclusion à laquelle sont parvenus les Chercheurs. Une hypothèse qu'il serait intéressant de vérifier à partir de la semaine prochaine.