La nuit du doute est celle de l'observation du croissant lunaire par les doctes et les préposés au culte qui scrutent le ciel. Cette opération est nécessaire au sens des percepts de l'Islam qui préconisent que la période du jeûne commence au lendemain de l'apparition du croissant annonçant la fin du mois de Châabane et l'arrivée de Ramadan. Cette observation de la lune est un acte tout à fait sérieux pour lequel les autorités religieuses mobilisent toute une armada de moyens et de personnes. C'est dire combien l'affaire est importante car elle correspond à un mois sacré pour toute la communauté musulmane à travers le monde. Il est remarquable que cette opération d'observation n'aboutit pas aux mêmes résultats parmi les pays arabo-musulmans. Ramadan commence à des dates distantes selon que l'on est au Moyen Orient ou au Maghreb. Pourquoi une telle différence ? Alors qu'il s'agit d'une même religion. Cette année, ramadan a débuté jeudi chez le voisin algérien, en Tunisie et en Egypte. Pour la Libye mercredi était le premier jour du mois sacré. Dans le même registre, beaucoup d'avis estiment que la différence qui existe entre les pays concernés par l'avènement du Ramadan est l'essence même de ce mois sacré. C'est une question de fuseaux horaires et comme il y a obligation de voir physiquement le croissant, on ne peut pas faire autrement. Mais cela n'explique pas pour autant la discorde qui règne au sein des pays arabes et musulmans. Personne ne nit qu'observer le croissant lunaire constitue le fondement et le signe du début du jeûne. Néanmoins, l'union à laquelle nous appelons est plutôt symbolique et, dans le cas où elle se concrétise, donnerait une nouvelle image du monde arabe et abolirait les frontières entre les peuples qu'elles soient physiques, morales ou religieuses. En l'absence de cette union, nous continuerons à perdre davantage notre notoriété que nous avions jusqu'à un passé proche parmi les nations du monde, et toujours à cause de cette désunion, nous allons consacrer encore plus nos moyens financiers pour intimider les pays voisins (militairement), au lieu de nous rapprocher les uns des autres. Profitons de ce mois sacré pour renforcer davantage notre sens de l'entraide au niveau individuel et des Etats. C'est l'unique manière de redonner goût à ce mois sacré, fort en signaux. Ce genre d'attentes peut paraître trivial aux yeux de certains, mais c'est en fait un impératif pour consolider la position de ce conglomérat de peuples unis par la religion, la langue et le sang. Ce n'est point une simple vue de l'esprit mais bien plus. Il s'agit pour la Oumma d'une nécessité objective en ces temps de perte de repères.