«24% des personnes interrogées, entendues, vues ou lues dans les médias écrits et audiovisuels sont des femmes». C'est avec ce premier chiffre clé que le rapport préliminaire du 4e Projet mondial de monitorage des médias 2010 (GMMP) plante le décor. Tentant de répondre à la question «Qui figure dans les nouvelles ?», ce premier rapport résulte d'une étude réalisée sur un panel de près de 21.000 articles et interviews dans 42 pays des quatre coins du monde (Afrique, Asie, Amérique Latine, Caraïbes, Pacifique et Europe). Objectifs : définir qui figure dans l'actualité, la représente à travers les médias traditionnels, du type d'informations dont il s'agit et, plus important encore, qui et quels sujets en sont écartés. Au regard des premiers chiffres obtenus, les spécialistes lancent déjà que les «conclusions sont mitigées». En effet, si d'une part, on constate une progression de la visibilité des femmes à travers l'actualité, il convient de dire que la représentativité des genres est loin d'avoir atteint un quota d'égalité. Progression relative Selon le GMMP, la présence de la femme dans les médias au cours des dix dernières années, «a conservé le même rythme». Autrement dit, depuis le début des années 2000, «l'équilibre des genres dans l'actualité» augmente de 3% tous les cinq ans. La progression la plus importante à ce niveau, concerne essentiellement les sujets «santé et science» : 15% de plus depuis 2005 atteignant aujourd'hui une représentativité de 37%. Ironie du sort, «ce domaine est celui qui reçoit la plus faible attention de la part des médias (10% des sujets traités)», atteste le GMMP. À contrario, quand il s'agit de «sujets prioritaires», tels que l'économie ou la politique, les femmes dépassent à peine les 20%, atteignant en 2010, 21% lorsqu'il s'agit d'économie, soit 1% de plus qu'il y a cinq ans et 18% pour les sujets politiques, soit 4% de plus en 2005, et pour cause, «les femmes représentent moins d'un cinquième des experts interrogés par les médias». Bien que le rapport de monitoring démontre que «la parité est presque atteinte entre femmes (47%) et hommes (53%) dans les reportages où on leur demande d'exprimer leur opinion», les femmes ne semblent pas encore avoir décroché le statut «d'experts attitrés», au regard des professionnels des médias. Pratiquement 80% des porte-paroles apparaîssant à la télé, à la radio ou dans la presse écrite sont des hommes. Pourtant, il n'est plus besoin aujourd'hui de prouver, qu'un peu partout à travers le monde, les femmes ont largement trouvé leur place à des postes de décision dans différents secteurs d'activités. Au niveau du contenu, le rapport de monitoring est clair, seulement 1,5% des sujets d'actualité traités par les médias concernent les questions intéressant tout particulièrement les femmes. C'est leur participation à la politique qui semble le plus intéresser les médias traditionnels. Enfin, presque tous. Selon le rapport de GMMP «la répartition des sujets traités révèle que sur les trois médias principaux, c'est la radio qui a le moins tendance à aborder les thèmes qui concernent tout particulièrement les femmes». Selon les chiffres du GMMP, ce même média est également celui qui compte de moins en moins de professionnelles: 27% de femmes en 2010 contre 45% en 2005. Sur les trois supports, il apparaît que c'est à la télé que les femmes journalistes se retrouvent le plus: 44% contre 35 % dans la presse écrite. Ceci dit, en dépit de l'intérêt grandissant des médias pour le rôle de la femme en politique, le secteur ne semble pas être très dynamique, s'agissant de la dissolution des stéréotypes. Aujourd'hui, 12 % des reportages mettent l'accent sur les questions d'égalité des genres. Pis encore, selon le GMMP, «les résultats de l'étude suggèrent que de nombreux reportages ratent l'occasion de faire connaître au public les instruments visant à protéger les droits humains, les droits des femmes et l'égalité des genres».