L'AGO du Wydad Club Athletic (WAC) a confirmé la solidité financière du club, mais a enrevanche dévoilé le risque inhérent au caractère exceptionnel de certaines ressources. Le WAC a dominé le football national ces cinq dernières années avec trois championnats, une Champions League, une finale perdue (avec beaucoup de remous administratifs) et une première participation à la Coupe du monde des clubs. Hors rectangle vert, les finances du clubs n'ont jamais été aussi solides que depuis l'élection de Said Naciri, président du club. Ce dernier pèse lourd par ses contributions personnelles au financement du club rouge, ce qui représente un risque sur les fondamentaux du club. Indicateurs au vert Au 30 juin 2019, les produits consolidés enregistrent une baisse de l'ordre de 25% par rapport à l'exercice précédent, due essentiellement aux événements exceptionnels survenus une saison auparavant, à savoir la participation à la Coupe du monde des clubs 2017, la participation à la Supercoupe CAF face au TP Mazembe ainsi que la cession du joueur Achraf Bencherki au club saoudien d'Al Hilal. En revanche, les charges consolidées de la saison 2018-2019 ont connu une baisse par rapport à l'exercice précédent de 25%, passant ainsi de 107,3 MDH à 79,9 MDH. Il y a donc eu un effet compensatoire de la baisse des produits par une bonne compression des charges. Cependant, cet indicateur est révélateur du niveau surestimé des charges, au-delà du coût de quelques participations en dehors du Maroc. Mercato réussi Le WAC négocie bien son «Mercato», que ce soit «in» ou «out». Ainsi, après une excellente opération d'Achraf Bencherki où les rouge et blanc ont réalisé une belle plus-value estimée à plus 30 MDH, la cession d'Ahmed Ounajem au club Zamalek renflouera les caisses avec pas moins de 15 MDH qui seront comptabilisés au titre de l'exercice 2019-2020. En revanche, le club s'est payé les services de deux bons éléments à un prix très bien négocié. 2,5 MDH pour le virevoltant Badie Aouk (24 ans) et seulement 2 MDH pour la «ceinture de sécurité» Yahya Jabrane (28 ans). Le contrat de prêt d'Ayoub Kaabi, qui n'aura coûté que son salaire mensuel, figurera dans le bilan de la saison prochaine. Mais avec la pression des supporters, le président Naciri est de plus en plus hésitant à libérer les valeurs sûres du club comme Ismaïl Haddad ou encore Oussama Saidi. «Naciri-dépendance» S'il y a un point noir dans la gestion de l'actuel bureau du WAC, c'est bel et bien la gouvernance «en solo» du président Naciri, qui relègue les membres du bureau à de simples figurants, chose qui expose le club à des risques d'erreurs d'appréciation. Par ailleurs, le club gagnerait à renforcer sa transparence afin d'être à la hauteur de son rôle de locomotive du football national. Le rapport financier détaillé n'est ni mis à la disposition des adhérents 15 jours avant l'AGO, comme le stipule la loi, ni distribué aux médias. On aurait souhaité le voir publié sur le site du club dans les délais préconisés. Last but not least, la dépendance financière du club aux contributions personnelles de son président risquerait de lui être fatale s'il devait partir pour quelque raison que ce soit. Ainsi, le poste créanciers divers affiche un montant de 19,8 MDH, avec 7,4 MDH constituant une partie du capital de la société sportive et 12,4 MDH de dettes du club dues à son président.q