Ce mercredi 16 octobre, le monde célèbre la journée mondiale de l'alimentation. L'occasion de se pencher sur les problématiques qui entourent ce sujet, qu'il s'agisse de l'accès à l'alimentation, de la cherté de la vie, du gaspillage alimentaire, de la qualité des habitudes alimentaires et des mutations qu'ils ont connues... Au Maroc, la situation n'est plus compliquée ni meilleure que dans d'autres pays. Quelle est la relation des Marocains à l'alimentation? Il faut tout d'abord savoir que l'alimentation fait partie des neuf postes permettant de décortiquer le comportement de consommation des ménages. En plus de l'alimentation, soulignons-le, figurent l'habillement, l'habitation et énergie, l'équipement ménager, le transport et communication, l'hygiène et soins de santé, l'enseignement, culture et loisirs, les dépenses en biens et services et les dépenses non destinées à la consommation. Comment ce pan relatif à l'alimentation est-il géré au sein des ménages marocains? Combien pèse cette composantes dans le budget et les priorités des ménages? Réponses en chiffres bruts disponibles et fiables, extraits des données statistiques du Haut Commissariat au plan. Les statistiques sont extraites de l'Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages 2013-2014... * La dépense annuelle moyenne par personne en « alimentation » a augmenté de 4.553 à 5.874 DH entre 2007 et 2014. Cette augmentation est moins rapide que le total des dépenses. Le poids des dépenses alimentaires dans la dépense totale a ainsi baissé de 40,6% à 37,0%. Et ce poids diffère bien évidemment selon qu'il s'agisse du milieu rural ou urbain. * La situation des dépenses de consommation des ménages a évolué entre 2007 et 2014, conformément aux tendances dessinées sur le long terme. Ceci étant, la part des dépenses de première nécessité (alimentation et habillement) a sensiblement régressé au profit des autres fonctions de consommation, passant de 55,9% dans le budget de consommation des ménages en 1985 à 46,1% en 2001 pour se fixer à 40,2% en 2014. * Depuis 1960, la part du budget de consommation allouée par les ménages marocains à l'alimentation tend globalement à diminuer pour atteindre 37% en 2014 après s'être établie à 48,6% en 1985, 41,3% en 2001 et 40,6% en 2007. Toutefois, la régression du poids de l'alimentation, et qui se fait au profit d'autres postes de dépense, n'affecte pas son premier rang dans le budget de consommation total des ménages en 2014. Cette tendance baissière soutenue montre l'obstination des ménages à changer leur style de vie et particulièrement leur comportement alimentaire. * La disparité de la part budgétaire de l'alimentation entre milieu urbain et milieu rural (33,3% en ville contre 47,3% à la campagne) demeure toujours très significative et affiche même une accentuation. * Les 20% les moins aisés consacrent presque la moitié de leur budget (49,6%) pour satisfaire leurs besoins alimentaires alors que les 20% les plus aisés n'y affectent que près du tiers (29,1%). Inversement, les produits riches en protéines et en vitamines (viandes, poissons, laits, produits laitiers et fruits) sont plus prisés par la classe des 20% des ruraux les plus aisés qui leur consacrent 40,9% de leur budget contre 31,7% pour les 20% les moins aisés. * Malgré la réduction de l'écart entre ces deux classes de dépense, la proportion du budget réservée par les ménages ruraux à l'alimentation est toujours très élevée chez la plupart des catégories socio-économiques. Elle avoisine ou dépasse 50%. * Autre aspect d'inégalité du niveau de vie: la qualité nutritive des produits alimentaires acquis par les différentes classes socio-économiques. Dans ce cas, les produits à forte valeur calorique et dits produits de première nécessité (céréales, sucre et corps gras) ainsi que les légumes et légumineuses demeurent les aliments de choix pour les 20% de la population rurale la moins aisée qui leur consacre plus de la moitié de son budget alimentaire (53%). La classe la plus aisée leur réserve 41,3%. * Le budget alimentaire enregistre le montant le plus élevé chez les ménages dont le chef a un niveau d'instruction supérieur et un diplôme supérieur, soit respectivement 10 140 DH et 10 384 DH par personne et par an. Ces dépenses représentent 2 fois celles des ménages dirigés par un chef sans niveau d'instruction et sans diplôme qui sont de 5 088 DH et 5 233 DH respectivement. * les ménages présidés par un chef inactif accordent plus d'intérêt à l'alimentation puisqu'ils dépensent 1,1 fois plus que ceux dirigés par un actif occupé. Toutefois, ce poste ne représente que 35% du budget total de la première catégorie mais 37,5% chez la 2ème catégorie. * le groupe des viandes, volailles et abats détient toujours le premier poste budgétaire dans l'alimentation depuis 2001 en s'accaparant près du quart du budget alimentaire établi à 23,5%. * De l'ordre de 701,5 DH en moyenne par personne par an, en valeur courante, la dépense réservée aux légumes avec toutes leurs variétés, équivalente à 12% du budget alimentaire, a enregistré un accroissement annuel de 3,28% par rapport à 2001. * Les 20% du haut de l'échelle sociale dépensent 1067,1 DH en moyenne par personne par an pour l'approvisionnement en légumes contre 393,9 DH dépensés par les 20% du bas de l'échelle, soit 2,7 fois de plus. * En 2014, l'approvisionnement en fruits coute au consommateur marocain 427,7 DH en moyenne par an enregistrant ainsi un accroissement annuel de 6% par rapport à 2001. * La part du groupe « thé, café et plantes aromatiques » dans le budget alimentaire continue de reculer depuis 1985 passant de 6,4% à près de 4,2% en 2001 et atteint 3,9% en 2014. * Entre 2001 et 2014, la part des dépenses de consommation alimentaire dans le budget des ménages est passée de 41% à 37%, à l'échelle nationale. Elle a continué à en représenter 47,3% en milieu rural et 33,3% en milieu urbain, variant de 50% dans la catégorie des 10% les plus défavorisés à 26% parmi les 10% les plus aisés. * En termes de qualité, les produits riches en calories (céréales, sucres et produits sucrés) reculent au profit des produits riches en protéines (viandes, poissons, œufs, produits laitiers). La part de ces derniers dans les dépenses alimentaires est passée de 33% à 36%.