Les autorités de l'enclave ont ordonné la fermeture du passage réservé aux porteurs suite au tragique décès de deux personnes. La décision pourrait affecter le passage principal de Bab Sebta et accentuer les tensions aux frontières. Les pertes humaines continuent à Bab Sebta. Quelques semaines après le tragique décès de Fatima, mère de famille de 45 ans, aux environs du passage de Tarajal II suite à une chute, une autre victime s'ajoute à la macabre liste. Youssef, jeune homme de 20 ans, a trouvé la mort samedi dernier après avoir glissé du haut d'une colline jouxtant les frontières. Le jeune homme originaire de Fnideq tentait d'esquiver les longues files d'attente des porteurs, ces derniers passant la nuit sur les hauteurs afin d'être les premiers à accéder à l'enclave le matin, à l'heure d'ouverture du passage. Il s'agit de la dixième victime de cette activité à haut risque. Aucune des autorités, qu'elles soient marocaines ou sebties, ne s'aventure à y mettre de l'ordre, de peur d'exciter la grogne sociale. De fait, les autorités espagnoles ont cru bien faire en mettant en place cette structure dont l'objectif, a priori, était d'alléger la pression sur la porte d'accès principale, Tarajal (Bab Sebta), tout en évitant les bousculades qui causaient des pertes humaines. Or, rien n'a été fait au niveau de la zone limitrophe où s'entassent de très nombreux porteurs. Ceux-ci passent la nuit sur les montagnes avoisinantes pour pouvoir décrocher le sésame permettant d'accéder à la zone des entrepôts aux aurores. Les moins téméraires préfèrent verser 100 DH pour décrocher une place aux premiers rangs à travers les veilleurs qui ont fait de cette «disgrâce» une source de revenus. Suite à cette perte humaine, les autorités marocaines ont cru bien faire en délogeant les porteurs, principalement des femmes, qui passaient la nuit sous des abris de carton. Cet acte a suscité la colère de ce collectif qui a protesté énergiquement contre ces agissements, mercredi, en bloquant l'accès au reste des porteurs. C'est ainsi que les autorités espagnoles ont décidé, probablement de concert avec leurs homologues marocaines, de jusqu'à nouvel ordre le passage dédié aux porteurs, Tarajal II. Selon la délégation du gouvernement à Sebta, cette fermeture a été décidée pour garantir la sécurité dans l'ensemble du circuit et éviter le rassemblement des personnes des deux côtés de la frontière. La fermeture serait donc une victoire pour l'Observatoire du Nord des droits de l'Homme (ONDH). L'ONG a mené une campagne sur les réseaux sociaux pour attirer l'attention sur le périlleux point de transit. De leur côté, des ONG espagnoles avaient dénoncé plusieurs reprises la manque d'installation au profit des porteurs. Dans son rapport suite à la mort de la porteuse de Tétouan, l'association espagnole APDHA a estimé que l'aménagement de latrines aurait pu préserver la vie de Fatima.