Depuis le 25 septembre, le Jazz au Chellah célèbre le jazz européen et les musiques marocaines avec une ouverture africaine et un long week-end féminin. Coulisses... Dans le magnifique cadre du Chellah de Rabat, des musiciens du monde se donnent rendez-vous le temps de partager des moments de musique. Depuis le 25 septembre, le Jazz européen s'est donné le la pour rencontrer les musiques marocaines. «On ne parle pas de fusion au Jazz au Chellah mais de rencontre. On célèbre la rencontre musicale», confie le directeur artistique, partie marocaine, Majid Bekkas. «Le programme est construit autour de formules instrumentales contrastées, il est le reflet des diverses esthétiques du jazz avec une quarantaine d'artistes venant de douze pays européens rejoints par une dizaine d'artistes marocains», explique Majid Bekkas. Afrique et têtes d'affiche L'Afrique était à l'honneur avec l'African Jazz Roots Quartet du Sénégalais Ablaye Cissoko et du Français Simon Goubert, «l'une des fusions les plus réussies du jazz occidental et de la musique traditionnelle sénégalaise, magnifique illustration des liens «Afrique & Jazz», selon les dires du directeur artistique. Le jeudi soir, le public est allé à la rencontre de projets très contrastés venant de la Grèce, de Bulgarie et de Croatie. Mehdi Nassouli et sa tagnaouite métissée ont séduit. Ce natif de Taroudant est un musicien multi-instrumentaliste particulièrement talentueux, il est influencé depuis son jeune âge autant par les rythmes de Daqqa Roudania et Tagnaouite que par la culture amazighe. Vendredi, le duo marocain d'Alaa Zouiten & Didier Del Aguila a proposé une pause dans le temps. Né à Casablanca et résident actuellement à Berlin, Alaa Zouiten fait partie de la nouvelle génération d'artistes qui n'hésite pas à mélanger les styles et donne ainsi au oud de nouvelles couleurs. Avec le bassiste Didier Del Aguila, il forme un duo homogène épatant par son riche répertoire harmonique et mélodique. Quand au samedi, c'était au tour du célèbre Rhani Krija de rencontrer les musiciens du monde. Natif d'Essaouira et installé maintenant en Allemagne, Rhani Krija (déjà accueilli en 2007) est un percussionniste surdoué, vu aux côtés de grands noms (Sting, Al Di Meola, Herbie Hancock, Peter Gabriel, ...) et (re)connu pour son habilité dans les rythmes andalous, orientaux, africains ou latins. Jazz au féminin Comme le rappelle si bien Jean-Pierre Bissot, directeur artistique Europe du festival: «tout le monde a l'impression que le jazz est une musique très masculine. Ici, j'ai essayé d'inverser. La touche féminine, c'est la présence de femmes acteurs et parfois leaders même des groupes invités cette année». L'artiste belge Veronika Harcsa a ouvert le bal ; Stringless, le quintet de chanteuses grecques, albanaises et bulgares, le trio de la polonaise Kasia Pietrzko, la pianiste belge Eve Beuvens, le trio de la nouvelle perle du jazz européen, l'Espagnole Eva Fernandes et la sublime Franco-Syrienne Naïssam Jalal qui a su clore depuis sa flûte enchantée en enchanteresse, ont fait tomber le préjugé qui dit que la musique jazz est principalement masculine. Plus que féminine, cette édition est celle de la diversité dans les formules instrumentales, les esthétiques respectives, les origines. Le public venu nombreux comme à son accoutumée, a pu découvrir les nouvelles musiques fruits des rencontres entre musiciennes et musiciens européens et marocains pour lesquelles Majid Bekkas et Jean Pierre-Bissot, les deux directeurs artistiques ont étudié les meilleures perspectives. «À travers ces rencontres, le Festival «Jazz au Chellah» contribue à la concrétisation d'une dimension culturelle nouvelle en ouvrant le cadre d'une saine coopération entre artistes européens et marocains tous solidaires autour de valeurs humaines fondamentales». Organisé chaque année depuis 1996 sous le thème : Jazz européen – Musiques marocaines, le festival Jazz au Chellah est une initiative de l'Union européenne au Maroc en partenariat avec le ministère de la Culture et de la communication.