Tous les regards se tournent vers le sommet de Copenhague qui se tiendra le 12 décembre prochain. Les enjeux sont de taille. C'est, en effet, au cours de ce sommet que sera rédigée la nouvelle version du protocole de Kyoto qui expire en 2012. L'affaire «Climategate» est toujours présente dans les esprits. Cette campagne contre certains climatologues basée sur un piratage d'échanges d'e-mails n'est pas pour rassurer les observateurs. Comme à l'accoutumée, deux camps s'affrontent. D'une part, les gouvernants, les entreprises et les ONG qui appellent à un «accord ambitieux». De l'autre, des anticapitalistes pour lesquels «Kyoto 2» n'est qu'une mascarade de plus mise en scène par des pays riches plus soucieux de l'accumulation de richesses que de la préservation de la planète. Qu'en est-il justement des laissés pour compte de cette grande manifestation? Si l'Afrique est le continent qui contribue le moins aux émissions globales de gaz à effet de serre (GES), (un Africain, en moyenne, génère 13 fois moins de GES qu'un Nord-Américain et le continent est responsable de moins de 4% des émissions de GES produites dans le monde entier), le changement climatique représente une grande menace pour la croissance et le développement durable de pays africains comme le Maroc. Les effets du changement climatique (réduction de la production agricole, détérioration de la sécurité alimentaire, incidence accrue des inondations et de la sécheresse) sont, d'ores et déjà, évidents. Une réaction urgente est de mise. Un plan national s'impose Les spécialistes, avec à leur tête le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), insistent sur les efforts qui doivent porter en priorité sur l'intégration de l'adaptation dans la planification nationale et la mobilisation du soutien en faveur de la gestion du risque climatique». Dans ce sens, Mohammed Saïd Karrouk, professeur de climatologie à l'Université Hassan II, déplore le fait qu' en matière de climat, «le Maroc ne réalise que des actions ponctuelles, et ne dispose pas de réelle stratégie nationale». Il ne peut donc pas avoir de visibilité à long terme. «Pour faire entendre sa voix dans des conférences internationales telles que celle de Copenhague, le Maroc devrait établir un état des lieux de sa situation climatique pour, ensuite, établir une stratégie et un plan national adaptés.» Et d'ajouter : «la stratégie doit être tracée avec la participation de tous les acteurs: les chercheurs qui fournissent l'information, les décideurs politiques qui prennent des décisions, les acteurs économiques qui agissent sur le terrain, et les secteurs clés comme la santé et l'agriculture». En l'absence de ces données, le Maroc ne restera qu'un spectateur lors des conférences internationales, et appliquera des solutions types, qui ne correspondent pas forcément à sa situation climatique réelle.