Le gouvernement espagnol par intérim a mandaté son ministre de l'Intérieur suite à un nouvel assaut migratoire qui perturbe les projets de Pedro Sanchez à la veille d'une nouvelle tentative de formation d'une coalition. Que se passe-t-il entre Madrid et Rabat? Selon des médias espagnols, des nuages assombrissent les relations bilatérales. L'entrée massive de 155 migrants à Sebta, vendredi dernier, serait derrière l'arrivée, ce mercredi, du ministre espagnol de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska à Rabat. Il doit rencontrer son homologue marocain Abdelouafi Laftit pour se pencher sur la coopération maroco-espagnole au sujet du «contrôle des flux migratoires» et la lutte contre les mafias de traite des personnes ainsi que des sujets en relation avec la sécurité. Il est impossible de ne pas faire le lien entre cette visite et l'entrée massive de migrants, le 30 août dernier. De fait, la situation interne politique en Espagne ne peut souffrir le moindre soubresaut en ce moment. Le chef du gouvernement espagnol par intérim s'évertue à éviter les événements perturbateurs pouvant entraver sa deuxième -et dernière- tentative de former une coalition. Le leader du parti radical Vox a profité de son intervention au Parlement pour interpeller l'Exécutif espagnol, chargé des affaires courantes, sur l'utilité des fonds versés au Maroc si la pression migratoire ne fléchit pas. C'est ce qui explique cette rencontre entre les deux homologues de l'Intérieur. Madrid veut obtenir de Rabat des garanties de sa pleine collaboration, précisément à l'heure où Pedro Sanchez a besoin de se consacrer à sa difficile mission d'investiture. Grande-Marlaska est envoyé donc en pompier au Maroc pour limiter la casse en cette période de grande sensibilité politique en Espagne, où la perspective d'une nouvelle élection -la 4e en moins de 4 ans- ne semble pas écartée. Parmi les gestes que Madrid attend de Rabat figure la réadmission des migrants. Cette question serait au centre des pourparlers entre les deux hommes politiques. Une réadmission au complet serait une victoire non négligeable durant cette bataille politique que mène, essoufflé, Pedro Sanchez contre ses adversaires, Podemos en tête. Selon les statistiques, les chiffres relatifs aux entrées des migrants irréguliers ont significativement baissé. Depuis début 2019, 18.396 migrants irréguliers sont arrivés en Espagne, soit 43,3% de moins qu'en 2018. À cette période de l'année écoulée, 32.451 entrées avaient été enregistrées, dont 3.427 par voie terrestre via les clôtures de Sebta et Melilia.