Une affaire toute banale est en passe de constituer une crise entre le corps des médecins et la corporation des journalistes. Mais que fait un ministre au milieu de cet engrenage ? Tout a commencé avec une émission sur la radio nationale animée par le chevronné Mohamed Ammoura, qui a plus de 25 ans de radio au compteur. L'animateur fustigeait l'erreur médicale et «certains» médecins véreux. Tout au long de l'émission, il n'a cessé de rappeler qu'il ne généralisait pas, cela n'a pas empêché le syndicat des médecins de porter plainte auprès de la HACA. Le syndicat des journalistes a exprimé sa solidarité avec l'animateur, rappelant au passage qu'il s'agit d'une tentative d'intimidation qui vise à museler la presse. Tout cela me semble normal et chaque partie défend son périmètre, ce n'est pas une première. Mais l'affaire a pris une autre tournure quand le ministre de la Santé est entré en action et a soutenu le syndicat des médecins. On comprend bien que ce ministre voudrait atténuer ses divergences avec les médecins par cette prise de position, mais il a mal choisi «son» combat. J'imagine un instant ce qui se serait passé si le ministre de la Communication était, lui aussi, intervenu du côté du journaliste ! Moralité de l'affaire, la réaction du syndicat des médecins est démesurée car il n'y a pas que des anges parmi les médecins, comme dans tous les métiers et professions d'ailleurs, notamment de journaliste. Maintenant, au-delà de cette querelle maladroite, il aurait été plus opportun pour le ministre d'épargner son temps et son énergie pour les problématiques de fond de son secteur, criblé de dysfonctionnements. Faut-il le rappeler, le Maroc figure parmi les pays les plus mauvais en matière de prestations sanitaires. En plus de cette triste réalité, le secteur de la santé publique est en ébullition depuis deux années, avec des grèves, des sit-in et des marches de protestations. C'est pour cela que la réaction du ministre par rapport à un différend, somme toute normal, est pour le moins très mal réfléchie.