A la veille des assises de la fiscalité, Oxfam Maroc présente son rapport « Un Maroc égalitaire, une taxation juste », où est dressé un état des lieux sur les inégalités au Maroc, et formule des recommandations pour faire de la fiscalité un instrument de réduction des inégalités. Le fossé entre les plus riches et les plus pauvres continue de se creuser au niveau mondial et le Maroc n'échappe pas à cette tendance. Le Maroc est un des pays les plus inégalitaires de la région et dans la moitié la plus inégalitaire de la planète. En 2018, les trois milliardaires marocains les plus riches détenaient à eux seuls 4,5 milliards de dollars, tandis qu'à l'extrême opposé, 1,6 million de personnes sont en situation de pauvreté, et un.e Marocain.e sur huit est en situation de vulnérabilité, c'est-à-dire susceptible de basculer dans la pauvreté à tout moment. Le rapport d'Oxfam révèle notamment qu'il faudrait 154 ans à une personne salariée au SMIG pour gagner ce que reçoit en 12 mois l'un des milliardaires du Maroc Derrière les inégalités, il y a des choix politiques et économiques que le débat sur le modèle de développement au Maroc, lancé par le roi en octobre 2018, doit prendre en considération. Oxfam au Maroc saisit cette opportunité pour contribuer au débat public à ce sujet. Des solutions existent pour mettre fin aux injustices et cela implique que les décideurs publics adoptent des mesures ambitieuses pour changer la donne. C'est dans ce but qu'Oxfam au Maroc lance sa campagne « Un Maroc égalitaire, une taxation juste ». Avec ses partenaires de la société civile, l'ONG invite les citoyen.ne.s à se mobiliser pour demander à ce que la lutte contre les inégalités soit une priorité des politiques au Maroc. Pour Abdeljalil Laroussi, Responsable plaidoyer et campagnes d'Oxfam au Maroc : « Les inégalités dans le Royaume ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont le résultat de politiques publiques inadaptées et encouragées par les institutions internationales. Depuis l'indépendance, le Maroc a adopté des modèles de croissance qui sont en train de creuser les inégalités et qui mettent une grande partie de la population en situation d'extrême vulnérabilité ». Il poursuit : « Parce que les inégalités freinent la lutte contre la pauvreté, nuisent à la croissance et exacerbent les tensions sociales, il est urgent que les responsables politiques et les entreprises prennent le problème à bras le corps. Les citoyen.ne.s peuvent aussi agir pour inverser la tendance en interpellant les décideurs publics ! ». Ce rapport montre que : « le fils d'un cadre supérieur dispose de 456 fois plus de chances d'appartenir à la même catégorie socioprofessionnelle que son père, par rapport à un fils d'ouvrier, on comprend que le modèle de développement actuel ne répond plus aux attentes de la plus grande partie de la population, les jeunes et les femmes en particulier. Ce modèle économique qui concentre d'immenses richesses dans les mains d'une minorité alors que des millions de personnes vivent dans l'extrême pauvreté est injuste et défaillant ». Selon Asmae Bouslamti, Responsable du programme gouvernance d'Oxfam au Maroc: « La justice fiscale est un excellent moyen de cohésion sociale. Elle permet de corriger les inégalités en redistribuant les richesses lorsqu'elles sont mal réparties initialement, et de prélever les ressources nécessaires pour le financement d'infrastructures et de services publics qui profitent à toute la collectivité. L'article 39 de la constitution marocaine de 2011 garantit l'égalité des citoyen.ne.s devant l'impôt, qui doit être versé en fonction des capacités contributives. La troisième édition des assises de la fiscalité représente une opportunité de prise de conscience et d'actions concrètes concernant les inégalités ».