Monsieur le Président, Vous représentez un grand pays! Un pays pionnier en matiére de droits de l'homme! Vous présidez sur le destin d'une nation qui s'est distinguée par les valeurs de la dignité, la liberté et l'égalité! Vous êtes le Président d'une République, fruit de décennies, voire de siécles, de lutte pour que l'humanité se libére des pesanteurs de l'oppression et de l'injustice! Vous et vos compatriotes, Monsieur le Président, vous croyez, j'en suis sûr, pleinenement dans les valeurs des lumières et de la rasion tant prônées par des grands comme Montesquieu, Voltaire et Rousseau. Cet héritage est une fierté pour la France mais une responsabilité pour ses leaders. Un héritier des lumiéres se doit de défendre les droits des juifs en tant que composante importante de la société française et a le devoir moral et politque de les protéger contre toute forme de haine, d'antisémitisme, et de racisme. En ces temps difficilles qui interpellent notre conscience et notre mémoire, nous devons tous nous mobiliser contre le retour des spectres abjectes et atroces du passé. En tant que Marocain, je suis fier quand mes compatriotes se soulèvent contre toute forme d'antisémitisme ou de racisme à l'encontre de nos compatriotes juifs marocains vivant dans notre pays ou ailleurs. Nous nous rappelons avec émotion le refus de Feu Mohamed V en 1943 de signer le décret imposé par le Gouvernement de Vichy pour que les juifs marocains portent l'insigne de l'étoile de David--acte salvateur, qui a protégé des milliers contre les sinistres conséquences que nous connaissons tous. Monsieur le Président, Votre message fort contre l'antisémitisme est louable; mais de là à considérer toute forme d'anti-sionisme en tant que forme d'anti-sémitisme est regrettable. Excusez moi, Monsieur le Président, de vous rappeler que les fondements du sionisme reposent sur un expansionnisme colonial qui nie aux palestiniens tout droit d'exister sauf en tant que peuple errant, fragmenté et contrôlé dans des cantons bien gardés par le Tsahal. C'est ça l'essence du sionisme. Vous devez le savoir, Monsieur le Président, tuer un palestinien en sang froid n'est pas seulement permis mais fêté par l'armée israélienne. C'est une pratique courante émanant de l'application de l'idéologie sioniste. La colonisation, décriée mondialement et considérée illégale par l'ONU et la communauté internationale , est l'incarnation même de l'idée sioniste d'un "peuple sans terre pour une terre sans peuple." Golda Meir n'était pas la seule à dire que les Palestiniens n'existaient pas, mais la politique du gouvernement israélien actuel sur le terrain, et en flagrante violation de la légalité internationale et des accords d'Oslo, consiste exactement à dépeupler par la force cette terre des ses habitants palestiniens qui y ont vécu depuis des millénaires. Le sionisme, Monsieur le Président, n'est pas un fait littéraire ou idéaliste de nostalgie spirituelle, mais une réalité sur le terrain caractérisée par la violence, le sang, l'oppression, les checkpoints, les snipers, les murs, les prisons à ciel ouvert perpétrés par un Etat qui s'appelle Israel contre un peuple qui s'appelle les Palestiniens. Critiquer cet Etat et ses politiques d'oppression n'est pas un acte d'antisémitisme ou de haine à l'encontre des juifs. Critiquer la politique sur la quelle se repose cette politique ne relève pas de la haine envers les juifs. En fait, pas mal de juifs ne croient pas que le sionisme se traduit par un expansionnisme raciste et oppresseur. L'anti-sémitisme est une forme de racisme, Monsieur le Président, mais se soulever contre le sionisme est une obligation, voir un devoir, de tout citoyen du monde imprégné des valeurs de la dignité et de l'égalité que la Révolution française nous a appris depuis plus de deux siècles. Lahcen Haddad, Parlementaire, ancien ministre marocain