La messe internationale du Tourisme FITUR (Feria International de Turismo) 2012 a ouvert ses portes, hier mercredi, à Madrid pour durer jusqu'au dimanche 22. Pour cette édition placée sous le signe de la crise, cette année d'ailleurs, 1.000 exposants n'ont pas fait le déplacement à cette rencontre. Malgré cela, Abdelhamid Addou, le Directeur général de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) ne se laisse pas influencer par la difficile conjoncture économique. Durant cette première matinée, le responsable a enchaîné les réunions pour vendre les charmes du Maroc aux Tours opérateurs (TO) ibériques. «Le touriste espagnol est notre deuxième marché. Notre présence au FITUR vise à consolider nos produits et marques phares auprès du touriste espagnol», nous confie-t-il entre deux réunions. Il faut reconnaître que la mission de Addou est délicate. Le Maroc détient 8% du potentiel du marché espagnol mais les derniers événements ont asséné un coup de massue aux arrivées des Espagnols. «Entre 2008 et 2010, le royaume a accueilli entre 530.000 et 700.000 touristes espagnols, soit une hausse de 50% sur la période. L'envol des arrivées des touristes espagnols a commencé dès 2008. Seulement, à partir de 2011, la tendance s'est inversée à cause de la crise économique et l'attentat de Marrakech. Ces deux facteurs ont ralenti le trend haussier», étaye Addou. La présence du Maroc au FITUR 2012 a donc pour mission de rassurer sur la santé du tourisme et celle du pays. Cependant, et malgré la délicate situation, Addou préfère voir la moitié pleine du verre. «Le Maroc a réalisé une légère hausse de 1%», tient à relativiser le DG de l'ONMT. Le Maroc peut se targuer d'être mieux loti que ses concurrents d'Afrique du Nord, lesquels ont accusé une baisse de -30%, sous le coup du printemps arabe. Pour autant, Addou préfère rester prudent mais aussi ambitieux. «C'est une belle performance si l'on prend en considération la conjoncture, mais cela reste en deçà de nos attentes». Le tourisme national espère réaliser une hausse oscillant entre 5 et 6%. «Nous avons besoin de progresser dans cette fourchette pour maintenir la croissance et sauvegarder les emplois dans ce secteur», précise le responsable marocain. Le touriste espagnol, privilégié D'où justement le déplacement du Maroc pour cette Foire internationale du tourisme. Il faut dire qu'au delà des autres marchés, subissant aussi pour leur majorité les sequelles de la crise, le touriste espagnol s'avère encore plus intéressant pour les professionnels marocains du tourisme. Pour éblouir les potentiels visiteurs, Abbou et son staff savent ce qu'il faut faire. Vu la délicate situation économique que traverse l'Espagne, le seul argument capable de séduire est le coût. Un message qui ne risque pas de déplaire aux Espagnols, mal en point financièrement. La proximité est aussi un atout de taille dans l'opération de séduction du marché espagnol. À travers des vols low-cost ou par voiture, le Maroc offre la possibilité de voyager à moindre coût et en peu de temps. L'ONMT compte à cet effet nouer des partenariats avec les compagnies low cost desservant le Maroc, comme Ryanair. Mais les TO espagnols ne sont pas aussi optimistes que le directeur général de l'ONMT. Si le département marocain en charge du tourisme met cette régression sur le dos de la crise économique et dans une moindre mesure, l'attentat de Marrakech, les professionnels font une autre lecture de la situation. Selon Manuel Panadero, adjoint au président de Globalia, l'un des importants TO espagnols opérant au Maroc, la récupération ne commencera à s'opérer qu'à partir du prochain hiver 2012/2013. Le groupe Globalia, qui a transporté 80.000 touristes espagnols au Maroc avant les années de vache maigre, estime que les derniers événements du printemps arabe ont porté un coup dur aux marchés Nord-Africains. «Malgré nos efforts pour différencier le marché marocain des autres destinations affectées, nos tentatives restent vaines car l'idée s'est répandue que cette région est une zone à haut risque», confie t-il. «Nos pertes à cause de la conjoncture politique sont inestimables». Un avis partagé par Antonio Guerra, directeur du TP andalou Luxotour, qui a vu ses recettes fondre à cause des événements politiques de la région. «Nous sommes passés de 40.000 à 26.000 touristes durant l'année écoulée». Toutefois, et malgré ce tableau peu luisant, les perspectives générales du marché marocain sont, en général rassurantes. Le secteur a enregistré une hausse des arrivées et une progression des recettes touristiques d'environ 4%.