Le géant américain du secteur des produits pour l'hygiène, Johnson & Johnson a délibérément caché pendant plusieurs décennies que son talc contenait parfois de l'amiante. La révélation vient de l'agence Reuters qui a publié récemment une longue enquête sur la présence d'amiante, un produit cancérigène, dans le talc utilisé dans certains des produits de Johnson & Johnson. Selon l'agence de presse, la compagnie a développé une stratégie dès les années 1970 pour gérer un nombre croissant d'études démontrant que des mineurs italiens travaillant dans des mines de talc présentaient des niveaux élevés de maladies pulmonaires et de cancer, ce que savait Johnson & Johnson sans jamais le mentionner publiquement. La multinationale a réagi en qualifiant l'article de Reuters de «partial, faux et provocateur». «La poudre pour bébé est sans danger et ne contient pas d'amiante, assène le groupe dans un communiqué en mettant notamment en avant «les milliers de tests menés, les régulateurs, des laboratoires indépendants et des instituts académiques» ayant démontré l'absence d'amiante dans ses produits. L'affaire du talc n'est pas nouvelle pour l'entreprise, qui fait face depuis plusieurs années à une vague de plusieurs milliers de procès accusant le talc commercialisé par le groupe d'être à l'origine de cancers. En juillet, J&J a ainsi été condamné à verser 4,7 milliards $ de dommages et intérêts à un groupe de 22 femmes affirmant avoir développé un cancer de l'ovaire suite à l'utilisation du talc dans la toilette intime. La publication des résultats de l'enquête de Reuters a fait plonger le titre de Johnson & Johnson à la Bourse de New York. Il a terminé la séance en baisse de 10 %, vendredi, sa chute la plus importante sur une seule journée depuis 2002. L'action de la pharmaceutique chute à Wall Street depuis le vendredi 14 décembre après la publication de l'enquête.