Telle une trainée de poudre, l'information portant sur l'implication de Carlos Ghosn dans un méga-scandale financier au Japon a fait le tour de la presse internationale ce lundi. Le PDG de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, Carlos Ghosn (64 ans) a ainsi été arrêté lundi à Tokyo, pour motif de malversations par le constructeur d'automobiles japonais. Le quotidien Asahi Shimbun, le premier à révéler l'information sur Carlos Ghosn lundi, a rapporté sur son site internet qu'une perquisition avait lieu au siège de Nissan et dans d'autres locaux. Selon l'agence de presse japonaise Jiji, Ghosn a sous-évalué de cinq milliards de yens (38,9 millions d'euros) sa rémunération, qui s'élevait à près de 10 milliards. Et l'agence de presse Kyodo, d'expliquer que cette pratique a commencé en 2011 et a duré plus de cinq ans. Le journal Yomiuri, sur son site internet, rapporte que Carlos Ghosn a été arrêté sur commission rogatoire du parquet de Tokyo. Un camouflet pour Nissan Motor, qui a annoncé le même jour qu'il faisait en sorte de mettre fin rapidement aux fonctions de Carlos Ghosn, son président, après avoir découvert qu'il a utilisé de l'argent du groupe automobile japonais à des fins personnelles et a commis d'autres infractions graves. Le constructeur, allié du groupe Renault dont Carlos Ghosn est PDG, a précisé dans un communiqué avoir mené une enquête interne à la suite d'une information dénonçant des pratiques inappropriées de la part de Carlos Ghosn et de l'administrateur Greg Kelly pendant plusieurs mois. Nissan a ajouté que le groupe coopérait pleinement avec la justice. "L'enquête a montré qu'au fil des ans, Ghosn et Kelly ont déclaré des montants de rémunération inférieurs aux montants réels dans des rapports à la Bourse de Tokyo afin de réduire le montant déclaré de la rémunération de Carlos Ghosn", a déclaré Nissan dans son communiqué. Le directeur général de Nissan Hiroto Saikawa proposera que le conseil d'administration démette Carlos Ghosn et Greg Kelly de leurs fonctions, a poursuivi le groupe. Le conseil d'administration de Nissan se prononcera donc jeudi sur le limogeage de son président Carlos Ghosn. Selon le PDG du groupe automobile japonais,Hiroto Saikawa, lors d'une conférence de presse au siège du groupe à Yokohama « l'alliance entre les trois entités", Renault, Nissan et Mitsubishi Motors, "ne sera pas affectée par cet événement ». Par contre, a-t-il ajouté, l'impact sur Renault sera "significatif". Par ailleurs, le conseil d'administration de Renault a annoncé avoir prévu de se réunir «au plus vite », ajoutant qu'il est "dans l'attente d'informations précises" de la part du dirigeant, selon un communiqué. Né au Brésil, d'origine libanaise et de nationalité française, Carlos Ghosn a débuté sa carrière chez Michelin , avant d'entrer chez Renault. Il a rejoint Nissan en 1999 après l'acquisition par le constructeur automobile français d'une participation dans le groupe japonais. Il en a été PDG de 2001 à 2017. Des porte-parole de Renault et de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, dont Carlos Ghosn est aussi PDG, n'ont pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires. En juin, les actionnaires de Renault ont approuvé la rémunération de 7,4 millions d'euros pour 2017 attribuée à Carlos Ghosn, qui a aussi reçu 9,2 millions d'euros pour sa dernière année comme directeur général de Nissan. A Paris, la présidence de la République a déclaré ne pas avoir de réaction aux informations concernant Carlos Ghosn. L'Etat français détient 15% de Renault.