Sous le mot d'ordre #masaktach (prenez la parole), des actions contre les violences faites aux femmes ont été menées samedi au Maroc, avec un spectacle de rue à Rabat et des distributions de sifflets dans plusieurs villes. "La femme peut tout!".... la petite foule réunie samedi après-midi sur le quai du fleuve Bouregreg à Rabat scande le slogan en choeur, au son de percussions et d'instruments traditionnels. "Le but est d'appeler les femmes à rompre le silence, à lutter contre les normes sociales et à s'informer sur leurs droits", explique Mohamed Amine Dani, de l'ONG Oxfam, co-organistrice de l'action menée à Rabat. De son côté, le collectif #masakatch, fondé dans l'espoir de reproduire au Maroc la campagne mondiale #Metoo, distribue depuis vendredi des sifflets de couleurs vives dans plusieurs villes comme Casablanca, Marrakech ou Rabat. "Si on vous harcèle sifflez!": telle est la consigne du collectif qui a appelé -avec un succès relatif- les femmes à poster des photos avec des sifflets sur les réseaux sociaux. Un sifflet, "ça permet d'intimider face aux attaques verbales dont on est souvent victime", témoigne ainsi une quadragénaire coiffée d'un foulard, dans un post publié sur le groupe #masaktach. L'opération menée à Rabat avait aussi pour but "d'informer le grand public à la nouvelle loi 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes et au harcèlement sexuel", selon ses organisateurs. Entrée en vigueur mi-septembre après plusieurs années de débats, cette loi incrimine pour la première fois des actes "considérés comme des formes de harcèlement, d'agression, d'exploitation sexuelle ou de mauvais traitement". Jugé insuffisant par les groupes féministes, le texte durcit les sanctions dans certains cas et prévoit des mécanismes de prise en charge des femmes victimes de violences. Au Maroc, le harcèlement de rue est inscrit dans les moeurs: 63% des femmes disent l'avoir subi, 53% des hommes reconnaissent avoir déjà harcelé sexuellement une femme ou une fille, selon une récente étude publiée l'organisation ONU Femmes Maghreb. Pour plus de 60% des hommes, le harcèlement est "légitime" s'ils jugent "provocatrice" la tenue vestimentaire de leur proie et 78% des femmes attribuent la responsabilité des comportements déplacés aux femmes elles-mêmes, selon cette étude. Plus de 6 hommes sur 10 (62%) et presque autant de femmes (57%) pensent que "pour être un homme il faut être dur", selon cette étude menée dans la région de Rabat et publiée en février 2018.