La deuxième édition des Smart days, organisée par Maroc Telecom, a jeté toute la lumière sur les enjeux économiques du digital dans le continent africain. Des applications ont transformé les relations économiques dans certains pays africains agissant directement sur le PIB. Après une première édition sur la thématique des «Objets connectés», Maroc Telecom a organisé, hier à Rabat, la deuxième édition des Smart days sous le thème «La transformation digitale : quels modèles et enjeux pour les entreprises en Afrique ?». En faisant appel à des experts mondiaux de renom, l'opérateur national compte bien accompagner la transformation digitale qui est à ses premiers balbutiements au Maroc. Sa dimension africaine fait également de Maroc Telecom un pionnier continental en matière de solutions intelligentes qu'il a déjà commencé à implémenter au Maroc. Parmi ces solutions, figurent les applications Smart Kids, Smart Car et Smart Home et d'autres tournées entreprises, telles que la solution MT Cloud et les solutions de gestion mobile qui offrent une gestion sécurisée de la flotte mobile de l'entreprise privilégiant simplicité et efficacité. L'opérateur peut ainsi se proclamer comme un catalyseur de la transformation digitale au Maroc et en Afrique. C'est dans cette perspective de leadership, qui parfois vient fortement en appoint aux politiques publiques, que les Smart days ont lieu. Intervenant à l'occasion, Gilles Babinet, expert international et Digital champion de la France auprès de la Commission européenne, a mis la transformation digitale au cœur même des politiques de développement et de croissance en Afrique. Comme il l'a expliqué, la croissance des télécoms dans des pays africains comme le Kenya et le Rwanda a été un facteur déterminant dans la croissance du PIB/habitant. À titre d'illustration, le système M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili) a créé une vraie révolution au Kenya. Presque 50% des transactions et de l'économie du pays passent par cette plateforme de transfert d'argent via smartphone. Lancé en 2007 par Vodafone pour Safaricom et Vodacom -les deux plus grands opérateurs de téléphonie mobile au Kenya et en Tanzanie- M-Pesa s'est, depuis, étendu à l'Afghanistan, la RD Congo, l'Afrique du Sud, l'Inde et, en 2014, à l'Europe de l'Est. Un exemple qui montre tout l'impact que la transformation digitale peut avoir sur l'économie et les rapports commerciaux et monétaires. Babinet souligne à ce propos qu'un tiers de la croissance au Kenya vient aujourd'hui du mobile monetic. Mais comment réussir sa transformation digitale dans un modèle quick-wins ? Selon Babinet, quatre prérequis sont indispensables : la réelle conviction du top management d'opérer une rupture anthropologique, la nécessité de former l'ensemble du personnel au digital, la capacité d'organiser l'entreprise en deux temps : un temps industriel, lent et coûteux, mais aussi consacrer un temps court aux analytics, applications...Et enfin, avoir une entreprise ouverte, capable d'agréger l'ensemble des ressources présentes dans son environnement. Pour Rebecca Enonchong, fondatrice et directrice de AppsTech (Cameroun), l'Afrique présente des atouts majeurs pour réussir sa transformation digitale. Les entreprises locales en sont conscientes, mais les besoins restent importants, notamment en termes d'infrastructures et d'accès aux technologies de l'information. Et la responsable d'ajouter qu'en Afrique, la grande majorité des technologies viennent d'ailleurs, d'où l'intérêt d'apprendre des erreurs de l'Occident. Et ce, pour éviter les dérives observées dans d'autres marchés, notamment au niveau de la sécurité, la confidentialité des données, le droit à l'oubli, et la protection de la vie privée. Sur ce chapitre, Babinet a parlé des risques de la dictature numérique dont les représentations ont fait récemment le buzz avec l'affaire de Facebook en relation avec les élections américaines ou le Brexit.