Les députés du PJD ont déjà une vision sur leur mission après la rentrée parlementaire, qui va les propulser pour la première fois dans leur histoire parlementaire de l'opposition à la majorité. Les 107 députés, y compris les jeunes issus de la liste nationale devront garder la cadence qui a toujours marqué l'action du groupe qui avait posé presque la moitié des questions orales et écrites au gouvernement. «Il faut savoir qu'il n'y aura pas de complaisance, les députés du PJD seront les premiers à demander des explications au gouvernement, assure un député du parti de la lampe. Nous avons une série de propositions pour rendre plus efficace le contrôle parlementaire», signale ainsi l'un d'eux. La nouvelle feuille de route veut donc garder l'autonomie des députés du parti, sans que cela ne brise la solidarité avec l'ensemble des membres du gouvernement, quelle que soit leur étiquette partisane. «La nature du contrôle qui sera exercé ne doit pas occulter le fait qu'un énorme effort législatif reste à faire», résume-t-on auprès du parti. Les lois organiques prévues par la nouvelle Constitution seront la priorité du parti, ce qui ne sera pas une partie de plaisir, vue la nécessaire unanimité requise pour un ensemble de texte relatifs à l'amazighité, aux finances ou encore à l'Education. L'action parlementaire du PJD via ses députés compte également mettre en avant un ensemble de projets qui ont toujours été bloqués durant la précédente législature. «Il ne s'agit absolument pas de réviser les lois que nous avons votées contre leur adoption, assure un député du parti à Casablanca, mais il faudra activer les propositions déjà déposéeset qui sont la priorité du parti vues les circonstances actuelles». Concrètement, la nouvelle équipe de Benkirane a dans son sac 10 propositions de loi. Certaines d'entre elles requièrent un caractère urgent et «stratégique». D'abord sur le volet de la participation des parlementaires, plusieurs pistes seront proposées dés la rentrée en vue de mettre un terme au fort taux d'absentéisme. Dans le pipe La plupart des idées sont partagées par les autres formations politiques et tendent à changer les règles des questions posées aux membres du gouvernement avec des séances thématiques auxquelles pourront participer les directeurs des offices publics, dont la nomination relève actuellement du président du gouvernement. Les procédures de participation des parlementaires aux travaux des commissions seront pour leur part en ligne de mire. Les nouvelles règles de l'inéligibilité faciliteront la présence effective des parlementaires, dont l'immunité sera uniquement politique et non plus pénale , avec tout ce que cela nécessite comme nouvelle orientation vers le contrôle de l'Exécutif.La charte communale, la procédure pénale, mais aussi le renforcement de l'arsenal répressif lié aux crimes financiers des hauts fonctionnaires, notamment ceux liés au trafic d'influence figurent également sur l'agenda des nouveaux députés du parti. Ce dernier volet sera parmi les grandes priorités et reste perçu comme le premier jalon de la mise en place de la reddition des comptes. L'action politique des 107 députés du parti concerne également des propositions de loi à caractère économique. C'est le cas de la proposition relative aux banques islamiques. Le projet composé d'une centaine de pages veut que les nouvelles entités «soient complémentaires du tissu bancaire existant». La proposition déposée à la commission des finances en janvier 2011 contient plusieurs mesures qui veulent donner un statut aux banques islamiques.