L'entreprise a réussi à désintéresser une partie des créanciers et renouer avec le bénéfice. Les deux opérations d'échange de dette obligataire ont été réalisées «avec succès». L'exploitant autoroutier du Maroc a passé une année 2017 placée sous le signe de la réduction du déficit. Autoroute du Maroc (ADM) a annoncé, le 3 avril, des résultats positifs où le déficit de 4 milliards de DH de 2016 laisse place à un bénéfice de 45 millions de DH. Il faut dire que l'entreprise déploie depuis 2016, avec l'appui de l'Etat, un projet de restructuration financière. Plusieurs mesures de restructuration financière portant, notamment sur l'allongement de la durée des concessions des autoroutes à 99 ans, la réévaluation du patrimoine autoroutier, l'introduction de l'amortissement progressif en fonction du trafic (au lieu de l'amortissement de caducité), l'instauration du système de pro-visionnement des grosses réparations, le reprofilage de la dette obligataire ainsi que la gestion active de la dette à travers des produits de couverture, ont été réalisées. «À ce titre, ADM a poursuivi en 2017, en concertation avec ses conseillers et organes de gouvernance, les évaluations et analyses visant à identifier les actions à mettre en œuvre en vue de l'optimisation et la maîtrise du coût de son endettement à travers la maîtrise des risques de change, de taux d'intérêt et de sa trésorerie», explique Anouar Benazzouz, directeur général. Le management de la firme se dit «conforté» dans ses choix stratégiques, par des «résultats probants» de son bilan d'activité de l'année 2017. En effet, après avoir déployé avec succès son projet de restructuration financière en 2016, pour un objectif de consolidation et d'amélioration durable de sa structure bilancielle, ADM a commencé à récolter les premiers fruits de cette restructuration en couronnant l'année 2017 avec un résultat net positif, renouant ainsi avec la profitabilité. Cette performance a été catalysée par les efforts déployés pour la modernisation de l'exploitation, la rationalisation continue des charges d'exploitation et les mesures déployées pour le reprofilage de la dette et conséquemment, l'optimisation du coût de la dette. Ainsi, le chiffre d'affaires s'est élevé à 3 ,6 milliards de DH TTC, en évolution de + de 10% par rapport à 2016. Le bénéfice avant impôt, intérêt, et amortissement affichant un solde de 1,9 milliard de DH, est en amélioration de + de 4% vs 2016; alors que le résultat net est passé d'un déficit de 3,9 milliards de DH en 2016 à un bénéfice de 45 millions de DH à fin 2017. Dans le détail, ADM a effectué le remboursement par anticipation de 7 prêts en Dinar koweitien auprès du FADES d'un montant de 3 milliards de DH. Le financement de cette opération a été effectué à l'aide d'un prêt bancaire en DH auprès des banques de la place. Cette opération a permis de rembourser des prêts onéreux en KWD, et de réduire l'exposition d'ADM à la devise KWD en la remplaçant par une exposition en MAD et ainsi réduire le risque de change. Aussi, dans l'objectif d'anticiper les «murs d'amortissement» caractérisant les exercices 2018, 2019 et 2030, ADM a lancé une opération de reprofilage de sa dette obligataire visant à racheter des lignes avec échéances 2018, 2019 et 2030, d'un montant global de 5,9 milliards de DH, par l'émission de nouvelles obligations. «Compte tenu des spécificités de son business plan, ADM a souhaité rallonger au maximum la maturité des nouvelles émissions et transformer le profil de remboursement de la dette in fine en amortissable», explique le management. Ainsi, deux opérations d'échange de dette obligataire ont été réalisées avec un grand succès en 2017. La première en mai et a concerné une émission d'échange de titres obligataires d'un montant de 2,5 milliards de DH, répartis en quatre tranches de souscription à taux fixe. Cette première émission a été clôturée brillamment avec un taux de souscription de 1,26 fois et la demande a atteint 3,15 milliards de DH. La deuxième opération de reprofilage a été réalisée en octobre et a concerné une émission d'échange de titres obligataires entre 800 et 1.200 millions de DH répartis en trois tranches de souscription à taux fixe. ADM a clôturé avec succès cette deuxième opération qui a été sur-souscrite 1,03 fois par une base d'investisseurs diversifiée et la demande a atteint 1,235 milliards de DH témoignant de l'intérêt et de la confiance des investisseurs institutionnels à l'égard d'ADM. Sur les deux émissions réalisées, un encours de 3,7 milliards de DH a été échangé permettant de lisser considérablement l'échéancier de la dette et de réduire significativement les murs problématiques qui caractérisaient les exercices 2018, 2019 et 2030. Les murs imminents de 2018/19 ont été réduits de plus de 80%.