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Energies renouvelables, fer de lance de l'emploi
Publié dans Les ECO le 13 - 12 - 2011

Notre marché de l'emploi est-il en phase avec la dynamique verte ? Telles que décrites, les ambitions du Maroc sur ce point paraissent grandes. Il est question en effet de créer quelque 50.000 emplois dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie énergétique nationale à l'horizon 2020. Pour définir les besoins du secteur en ressources humaines, une étude a ainsi été conçue par le cabinet ECO Efficience à la demande du ministère de tutelle. Portant sur les spécifications des besoins en compétences dans le secteur des énergies renouvelables, l'étude segmente les 50.000 emplois à créer en 36.800 emplois liés à l'efficacité énergétique et 13.200 autres dans la filière des énergies renouvelables. Néanmoins, dans des activités aussi pointues, et eu égard aux différents projets prévus dans le pipe, comment le ministère compte-t-il mettre en place les différentes formations pour combler le gap en ressources humaines au niveau de ce secteur fort prometteur ? «Nous serons amenés à former quelques 5.300 ingénieurs, 17.900 techniciens et 23.800 ouvriers qualifiés, ce qui a nécessité l'élaboration d'une stratégie et d'un plan d'action de formation spécifique au secteur», expliquent dans ce sens les responsables du ministère de l'Energie et des mines.
Equation solaire
Sur le solaire, le ministère prévoit une offre mixant solaire à concentration (CSP) et photovoltaïque (PV). Trois scénarii ont été tracés pour la création d'emplois. Dans un premier schéma, le photovoltaïque fournirait 33% des besoins en RH contre 67% pour le CSP, ce qui équivaudrait à 6.046 emplois dans la première catégorie et 7.356 dans la seconde. Dans un second scénario, il s'agirait d'une combinaison à parts égales entre les deux segments, pour déboucher sur 9.160 emplois créés dans le PV et 5.642 emplois dans le CSP. Dans le troisième scénario (à l'opposé du premier quant aux parts de chacune des branches), le PV créerait 12.274 emplois alors que le CSP n'en fournirait que 3.408.
Dans le vent...
L'autre secteur concerné par cette étude est celui de l'éolien. Ce dernier assurera, à l'horizon 2025, une intégration minimale de 2.023 emplois, dont 982 liés aux installations annuelles et 1.041 liés à l'exploitation. En cas d'intégration importante, le secteur assurera 7.437 emplois, dont 5.723 liés aux installations annuelles. Pour la micro-hydroélectricité, quel que soit le scénario adopté, 76 % des emplois créés par le secteur relèverront du génie civil, alors que 34 % des emplois nécessitent une expérience solide en génie civil, une aptitude à diriger des équipes et un chantier ou à la conduite d'engins de chantier. Par ailleurs, le secteur de la biomasse a aussi été brossé par l'étude et les perspectives en sont prometteuses. La création d'emplois est en effet au rendez-vous, notamment dans les métiers opérationnels tels que transporteurs, techniciens de l'automatique et du thermique et ceux d'ouvriers et de chefs de chantier du génie civil.
La formation, un préalable
Bémol, avant de créer de l'emploi, encore faut-il d'abord former. Pour cela, l'étude Eco Efficience a aussi répertorié les types de profils à former, selon les degrés de priorité, mais aussi en fonction des unités de formation disponibles. Déjà, la priorité pour la formation d'ingénieurs sera donnée «aux secteurs éolien et photovoltaïque», précisent les responsables du ministère. Les profils actuellement disponibles seraient a priori des techniciens et des technico-commerciaux dont les prévisions restent fixés à 10.676 éléments. Ces techniciens seront en priorité, mobiliésés dans le Photovoltaique, la biomasse et l'éolien. Dans le détail et à horizon 2020, 5 .773 ouvriers seront opérationnles dans la Concentrated Solar Power (CSP) et le Photovoltaique (PV). En ce qui concerne le type même de profils à assurer, ces derniers seront pour l'essentiel des ingénieurs chargés de projets, d'études et de la qualité. Par ailleurs, et dans le technique, d'autres profils pourront également être disponibles, notamment des des thermiciens, des ouvriers qualifiés soudeurs, chaudronniers, électriciens, mais aussi les installateurs de systèmes de climatisation et de chauffage, et des conducteurs professionnels à l'éco-conduite. Dans un soucis d'efficacité et afin d'atténuer le décallage qui persiste entre l'offre et la demande, l'étude préconise préconise des actions de reconception des programmes de formation. À court terme, le ministère prévoit le développement de 5 programmes de formation professionnelle à destination techniciens spécialisés. Une deuxième action sera également mise en place d'ici 2012 et concernera la préparation des infrastructures pour l'implantation des programmes au sein de trois nouveaux instituts, à savoir Oujda, Tanger, et Ouarzazate. Il y a lieu également, d'établir une identification des partenaires au niveau national, disposant de l'encadrement pédagogique et des moyens logistiques nécessaires et d'adapter certains de leurs programmes de formation aux besoins du secteur. Il y aura ainsi à mettre en place la préparation de l'encadrement administratif et pédagogique pour l'implantation des nouveaux programmes, qui seront adaptés et développés.
Enfin, un équipement des établissements qui vont offrir les nouveaux programmes est prévu, afin d'assurer une formation pratique aux stagiaires. Concernant, les actions à mettre en œuvre d'ici 2013 selon ladite étude, ces dernières consisteront en l'implantation de 5 programmes développés au niveau des trois nouveaux établissements sectoriels et de programmes adaptés au niveau des établissements partenaires. Il y aura aussi une identification des partenaires au niveau international, capables d'accompagner les établissements précédemment identifiés pour l'implantation des nouveaux programmes développés et adaptés. Cela permettra d'adapter les programmes développés au niveau de la formation professionnelle au mode de formation par apprentissage et de les implanter, ainsi que celui de la «Maintenance tramway» dans des CFA-IE préalablement identifiés. Au sujet des actions à long terme, d'ici 2014, le ministère procédera à une évaluation des résultats des expériences pilotes pour les programmes développés et adaptés. Cette évaluation donnera lieu à une généralisation en 2015, de l'implantation des programmes au niveau des autres établissements présentant les conditions suffisantes pour offrir les nouveaux programmes développés et adaptés. Ces actions seront couronnées par l' élaboration d'un plan de formation continue, en partenariat avec l'ADEREE, au profit des formateurs de l'OFPPT, de l'ONE, de l'ONEP et de l'ONCF. Selon le ministère de l'Energie, à moyen terme, «cette expérience sera également généralisée au niveau des établissements d'enseignement supérieur (EST, facultés)». Pour garantir un maximum de réussite, ces réformes seront accompagnées d'un plan de communication pour le lancement de l'opération de recrutement des stagiaires pour les sites pilotes et les établissements partenaires, ainsi que d'un deuxième pour informer sur la généralisation de l'implantation des programmes développés et adaptés.
Amina Benkhadra,
Ministre de l'Energie et des mines.
«Une instance de coordination veillera à la réalisation des objectifs»
Les Echos quotidien : Vous avez identifié les besoins en ressources humaines dans le secteur. Est-ce que vous pensez qu'actuellement, le Maroc détient les compétences nécessaires pour répondre au besoin de ce secteur potentiel ?
Amina Benkhadra : Les compétences nécessaires pour l'accompagnement de notre stratégie énergétique, visant à promouvoir le secteur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, ont été cernées par l'étude sectorielle que le département de l'Energie et des mines a commanditée à la fin de l'année 2010. En s'appuyant sur des recherches documentaires, des enquêtes et des entretiens auprès des institutionnels et des professionnels du secteur et un benchmark international, cette étude nous a permis d'évaluer les filières de formation existantes et de définir les besoins en formation à l'horizon 2015 -2020 dans les secteurs des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique.
Quelles seront les actions mises
en place pour accompagner cette stratégie en termes de RH ?
Pour répondre à l'évolution du marché de travail dans les secteurs des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique qui sont appelées à connaître un grand développement dans notre pays, un plan d'action a été élaboré et s'articule autour de plusieurs axes à commencer par la création de centres de formation de référence en énergie renouvelable, gérés en fonction des besoins de l'industrie et remis en gestion déléguée. Deux axe, l'élaboration et l'implantation, selon l'approche par compétences, de programmes de formation répondant aux exigences de l'évolution de l'industrie et de ses différents segments. Au programme aussi, le partenariat avec les acteurs de l'enseignement supérieur et des établissements de formation professionnelle concernés, pour compléter les contenus des programmes de formation existants relatifs aux filières apparentées aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique. Sans oublier la création de centres de formation par apprentissage.
Ce plan d'action inclut également l'identification des partenaires au niveau international, intéressés par l'accompagnement des établissements marocains identifiés pour l'implantation des nouveaux programmes développés et adaptés, l'élaboration d'un plan de formation et de renforcement des compétences des formateurs et enfin la communication autour du recrutement des stagiaires et du lancement des formations pour les filières des énergies renouvelables.
Quels sont les établissements
de formation prêts à vous accompagner ?
Justement, deux actions prioritaires sont menées simultanément en coordination avec le département de la l'Emploi et de la formation professionnelle à savoir l'élaboration des programmes de formation des instituts de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (IFMEREE) et le lancement de l'étude de faisabilité desdits métiers. Je rappelle que la mise en place d'une instance de coordination est nécessaire pour garantir la réalisation des différentes actions identifiées dans ce plan. Cette instance regroupera les principaux acteurs institutionnels et professionnels aussi bien dans le secteur des énergies renouvelables que de l'efficacité énergétique.
Grandes ambitions
Le Maroc s'est engagé depuis 2009 dans une stratégie énergétique claire et ambitieuse. Cette dernière porte entre autres sur deux projets de grande envergure au niveau du solaire et de l'éolien. Pour le solaire, 5 centrales électriques solaires d'une puissance totale de 2 000 MW, seront lancées. La première tranche sera mise en production en 2015 à Ouarzazate. Le coût global de ce projet est de 9 milliards e dollars. Une fois achevé en 2019, le projet produira 4.500 GWh et permettra d'économiser 1 million de tep, mais également d'éviter l'émission de 3,7 millions de tonnes de CO2 par an. En ce qui concerne l'éolien, plusieurs parcs d'une puissance totale de 2.000 MW seront réalisés. Le premier, dont la capacité est de 280 MW est déjà terminé. Le deuxième, d'une capacité de 720 MW, est en cours de développement. Le coût total de ce projet est estimé a 3,5 milliards de dollars. Désormais, ils seront tous en production en 2020 pour générer 6.600 GWh, économiser 1,5 million de tep et éviter l'émission de 5,6 millions de tonnes de CO2.


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