Uber a décidé, lundi, de suspendre ses opérations au Maroc. Les clarifications supplémentaires qui nous ont été fournies par le porte-parole du groupe restent vagues. Elles mettent tout de même en cause un cadre réglementaire qui «n'est ni innovant ni clair». Personne ne l'avait prédit. Pourtant, l'environnement dans lequel il procédait au Maroc, le groupe Uber le qualifiait de «défavorable». Pour ne pas dire houleux, en référence aux attaques subies par les chauffeurs de VTC utilisant son application. Lundi après-midi, le groupe fondé il y a à peine neuf ans à San Francisco, publie un communiqué qui explique les raisons derrière sa décision de suspendre ses activités au Maroc. «L'incertitude réglementaire actuelle ne nous permet pas de fournir cette expérience (sécurité aux utilisateurs et une expérience sûre, fiable et abordable) et c'est pour cela que nous sommes contraints de cesser notre activité au Maroc», nous a répondu le porte parole du groupe sans donner plus de détails. Uber a-t-il ainsi cédé devant les menaces des représentants des taxis, en l'occurrence le SNTM, de saisir la justice? Apparemment, oui. En tout cas, c'est un autre aspect que l'entreprise employant les VTC souhaite mettre en avant. En effet, à une question qui porte sur l'aspect de la réglementation, le porte-parole évoque le manque d'innovation et surtout de clarté de cette réglementation. «Ce qui a fait défaut est une réglementation qui encourage l'innovation et la concurrence, indispensable au développement de la mobilité au Maroc. Malheureusement, depuis notre lancement au Maroc, il y a bientôt trois ans, nous n'avons pas eu de clarté sur l'intégration des applications comme Uber au modèle de transport existant. Cela ne nous permet pas de fournir un service qui réponde aux exigences de nos clients, chauffeurs comme passagers», a répondu le porte-parole. Est-ce définitif ? Cette suspension des activités n'est pas définitive. C'est ce que laisse entendre Uber qui se dit «prêt à contribuer à la construction d'un environnement favorable» mais «tant qu'il n'y aura pas de vraie réforme et un environnement favorable aux nouvelles solutions de mobilité, nous sommes contraints de suspendre nos opérations». La question des chauffeurs Uber reste cependant à clarifier. Pour l'instant, les trois cent chauffeurs utilisant l'application devront se contenter d'un service support, bien qu'ils soient considérés comme une «priorité» de la part du groupe. «Les chauffeurs peuvent nous contacter via notre service support sur l'application pour nous poser toutes leurs questions. Nous les contactons aussi individuellement pour les remercier du rôle important qu'ils ont joué dans le développement d'Uber au Maroc et leur allouer un bonus de remerciement basé sur leur utilisation de notre application». Un bonus numéraire aurait sûrement été le bienvenu. De toute façon, en ce qui concerne le volet service, l'expérience Uber a créé plusieurs clients satisfaits, surtout auprès des nouvelles générations citadines. Son exit est déjà considéré comme une perte dans un paysage de transport urbain chaotique. Un retour en arrière pour plusieurs.