En plus d'avoir été félicité pour sa présidence exemplaire de la COP22 et pour le soutien apporté aux Îles Fidji pour faire avancer l'agenda de la lutte contre les changements climatiques, le Maroc a indiqué la voie en la personne de Salaheddine Mezouar. Celui-ci a, en effet, demandé la poursuite de l'action à la COP23, à travers la mise en œuvre du Partenariat de Marrakech pour l'action climatique globale. Le 18 octobre, plusieurs délégations ministérielles, venues des quatre coins du monde, se sont retrouvées à Nadi (nord-ouest des Îles Fidji), pour prendre part aux travaux de la pré-COP23, destinés à baliser le terrain vers la prochaine COP, prévue à Bonn du 7 au 16 novembre. «C'est une journée historique pour les Îles Fidji qui portent le flambeau après le Maroc pour entamer la présidence de la COP et assurer la continuité d'un processus orienté vers l'avenir», avait souligné le président de la COP23, Josaia Voreqe Bainimarama dans son allocution d'ouverture de la rencontre. Félicitant le royaume et la présidence marocaine pour leur soutien aux Îles Fidji et leurs efforts pour faire avancer l'agenda de la lutte contre les changements climatiques, le premier ministre fidjien a appelé à accélérer le processus en cours afin «d'honorer nos engagements envers les futures générations». «On doit assumer la responsabilité de créer une vie meilleure pour les générations futures», a-t-il renchéri, avant d'ajouter que «l'urgence, la volonté politique, la coopération, l'ambition et un dévouement absolu pour atteindre l'objectif de 1,5°C sont les éléments que nous voulons délivrer à Bonn». Même tonalité chez Amina Mohamed, vice-secrétaire générale de l'ONU, qui a souligné que les conditions climatiques extrêmes «montrent les risques auxquels nous sommes tous confrontés si l'ambition, l'action et l'engagement ne sont pas présents pour relever les défis des changements climatiques». Selon elle, il n'y a plus de temps à perdre : «C'est urgent de renforcer la résilience, d'investir dans l'adaptation et de réduire la courbe des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020», a-t-elle indiqué avant de mettre l'accent sur la nécessité de l'implication de tous et une meilleure cohérence entre tous les secteurs de la société aux niveaux international, national et local. «C'est une responsabilité collective et un devoir que nous avons tous à assumer pour un avenir commun», a affirmé la responsable onusienne, ajoutant que cette COP constitue un moment crucial pour le futur de l'humanité. Pour sa part, le président de la COP22, Salaheddine Mezouar, a affirmé que la pré-COP23 représente une étape «importante» avant le prochain sommet climatique à Bonn, qui assurera la continuité et l'élan lancés à Paris et à Marrakech. «Le Maroc, à travers la COP22, a lancé une nouvelle génération de COP orientées vers l'action, l'engagement et un appel fort pour la solidarité», a-t-il dit, ajoutant qu'il s'agit d'un processus pour la construction d'un «nouveau monde». «Si l'Accord de Paris a été l'initiateur d'une volonté internationale, l'Accord de Marrakech a été la traduction concrète de cette ambition planétaire, en mettant en exergue le second pilier : les acteurs non-étatiques», a-t-il expliqué, précisant qu'à la COP23, «il sera question d'acter formellement le partenariat de Marrakech», dans le cadre d'un «travail de mobilisation extrêmement fort qui a été fait pour rendre irréversible l'Accord de Paris». Cette réunion ministérielle pré-COP a été organisée en amont de la 23e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP23), de la 13e session de la Conférence des parties siégeant en tant que Réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP13) et à la suite de la 1re session de la Conférence des parties siégeant en tant que Réunion des Parties à l'Accord de Paris (CMA1-2). Co-présidée par Salaheddine Mezouar et Josaia Voreqe Bainimarama, respectivement présidents des COP22 et COP23, la réunion ministérielle sert de support pour des discussions politiques de haut niveau sur les principaux éléments des négociations de la COP23 en préparation des prochaines réunions de la Conférence à Bonn. Recommandations Les débats ont porté sur les questions clés se rapportant à l'opérationnalisation de l'Accord de Paris et ont constitué une occasion de tirer parti des conclusions de la COP22 organisée à Marrakech, hautement saluée pour sa réussite. Ces débats ont été aussi l'occasion de réaffirmer l'engagement des pays signataires en faveur de l'Accord de Paris et de prendre des mesures significatives pour faire avancer la mise en œuvre de la feuille de route établie à Marrakech. La présidence fidjienne place comme priorité la préservation du consensus multilatéral inscrit dans l'Accord de Paris pour des réductions substantielles des émissions de gaz à effet de serre. Elle prévoit de maintenir l'élan enclenché pour la mise en œuvre de l'accord par le biais d'une vague d'actions climatiques qui nécessitent l'implication de toutes les parties, notamment les Etats et les acteurs non-étatiques. Les acteurs non-étatiques intimés à rejoindre la «Grande coalition» Les participants aux «Journées du partenariat», organisées les 16 et 17 octobre à Nadi (Îles Fidji) en amont de la pré-COP23, ont appelé les acteurs non-étatiques à rejoindre la «Grande coalition» pour accélérer l'action climatique avant 2020. «Cette rencontre vise à rassembler tous les acteurs locaux, régionaux et internationaux pour faire avancer le processus » d'action climatique, a souligné le président de la COP23, Frank Bainimarama, dans son allocution d'ouverture des travaux des ces «Journées du partenariat». Selon lui, «La Grande coalition nous aidera à rester dans le 1,5°C», avant d'expliquer que cette coalition vise à rassembler «tous ceux qui ont le pouvoir de réaliser cet objectif», à savoir les gouvernements à tous les niveaux, les décideurs de la société civile et des entreprises, les organisations confessionnelles et toutes les communautés du monde entier. Toutes ces entités, doivent travailler de concert pour résoudre ce problème d'une complexité immense, a-t-il insisté. Quant à Salaheddine Mezouar, président de la COP22, il a martelé qu'il «est temps de créer et de renforcer les partenariats, avec une représentation accrue et adéquate du Sud». «Les acteurs non-étatiques, les Parties et les deux Champions ont travaillé dur pour renforcer les partenariats», a-t-il souligné, avant d'indiquer que le livre sur lequel les deux champions, marocain et fidjien, travaillent «doit être une source d'inspiration importante, percutante et pragmatique pour une large action climatique». De son côté, la vice-secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohamed, a relevé la nécessité de cette «Grande coalition», faisant savoir qu'alors que le soutien de l'Accord de Paris de la part des gouvernements infranationaux prend de l'ampleur dans les pays développés comme dans les pays en développement, le soutien des entreprises et des investisseurs émane principalement de l'Europe et des Etats-Unis. «Ça doit changer», a-t-elle lancé, appelant au regroupement des entreprises, des investisseurs, des bailleurs de fonds et des gouvernements des quatre coins du monde pour «accélérer à la mise en œuvre des plans d'action nationaux sur le climat». Poursuivant dans le même sens, Inia Batikoto Seruiratu, ministre fidjien de l'Agriculture et Champion de haut niveau pour le climat pour la COP23, a souligné que «le temps est à l'action. Les acteurs non-étatiques sont décidés à œuvrer de concert avec les acteurs étatiques pour mener la lutte sur le plan local». Seruiratu a par la suite félicité son homologue marocaine, Hakima El Haité, Championne de haut niveau pour le climat pour la COP22, avant de saluer «l'implication des acteurs non-étatiques qui ont, depuis Marrakech, fait preuve d'innovation et de grande ingéniosité dans leurs recommandations». Notons que lors de la cérémonie d'ouverture de ces «Journées du partenariat», les intervenants ont mis l'accent sur l'importance de se baser sur les résultats de la réunion du Partenariat du Pacifique pour l'action climatique (CAPP), tenue à Suva en juillet 2017, et le Partenariat de Marrakech pour l'action climatique globale, lancé en novembre dernier à Marrakech. Cette fois-ci, la spécificité des Îles Fidji oblige, les «Journées du partenariat» se sont focalisées sur les questions de financement climatique et les moyens à même de renforcer la résilience des océans et des zones côtières face au changement climatique, en s'adaptant aux priorités et objectifs spécifiques des pays.