La ville de Nador et le mur de séparation avec la ville occupée de Mélilia sont le théâtre de tensions entre migrants et forces de l'ordre marocaines et espagnoles. Leseco.ma vous place au cœur de l'événement. Deux migrantes burkinabaises ont trouvé la mort le 24 septembre au mur de séparation près de la ville occupée de Mélilia. «Ces deux jeunes d'origine burkinabaise ont été asphyxiées par du gaz lacrymogène lors d'une intervention de la police marocaine», rapporte le Collectif espagnol Caminando Fronteras. Cinq migrants avaient tenté le 24 septembre la «Boza» (passage en force de la frontière vers l'Espagne) depuis les égouts du mur côté marocain, deux d'entre eux ont succombé à leurs blessures. «Leurs corps se trouvent à l'hôpital Hassani à Nador», confirme la section de Nador de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH). Cet épisode tragique clôture un mois de tensions à la frontière Nord-Est du pays. Démantèlements et pressions Entre le 12 et 21 septembre, les autorités marocaines ont procédé au démantèlement systématique des camps informels de migrants irréguliers près de Nador. Un des camps visés est celui de Bolingo dans la forêt limitrophe de la ville, puis ceux de Lakhmis Akdim et Bekoya «Depuis quelques jours Bolingo est à feu. Des tractopelles et camions à benne sont en action. Les tentes et biens des migrants sont détruits. Les femmes et leurs enfants sont arrêtés et conduits au centre du pays», témoigne un migrant sous le sceau de l'anonymat. Pour une première fois, un avion espagnol a été mobilisé pour assister cette mission au sol. Ce type d'opérations régulières lors de ces périodes de l'année vise officiellement «à lutter contre le réseau de trafic d'êtres humains exploitant des femmes et des mineurs», selon les termes utilisés par le gouvernement. Ces opérations de démantèlement sont sous les feux nourris des ONG comme de l'UE. Pour les ONG, «ces opérations visent à faire baisser la pression sur l'Espagne», martèlent ces associations. Pour sa part, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Ex-Frontex) avait critiqué le Maroc pour cette politique. Un nouveau rapport de l'agence établissait un lien entre le démantèlement, par les forces de l'ordre marocaines, des campements des migrants subsahariens et la montée en puissance des tentatives d'accès aux frontières européennes. La réactivation de la route migratoire maritime depuis le Maroc vers l'Espagne en 2017 explique, en partie, cette pression subie par le royaume. Sur le terrain, ceci se traduit par le retour d'une gestion sécuritaire de ce dossier. C'est dans ce contexte tendu que se tiennent à Rabat les consultations nationales autour du «Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières». Une première réponse officielle à ces incidents est attendue de la part du gouvernement...