Lors d'une rencontre, début juin à New York, Aziz Akhannouch, le ministre marocain de la Pêche, et son homologue sénégalais, Oumar Guèye, ont convenu de renforcer les échanges d'expertise en matière de la pêche du poulpe et de la gestion des unités industrielles de pêche. Tour d'horizon de la coopération maroco-sénégalaise dans ce domaine. Dans le domaine de la pêche, la coopération maroco-sénégalaise est régie par deux accords principaux. Le premier est l'accord de coopération en matière de pêche maritime et d'aquaculture signé le 25 mai 2015 par le ministre sénégalais de la Pêche et de l'économie maritime, Oumar Guèye, et le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch. Il fixe les principes et modalités de mise en œuvre de la coopération entre le Maroc et le Sénégal dans les domaines de la pêche maritime et de l'aquaculture et les activités annexes. Il couvre notamment la formation maritime, la recherche halieutique, l'aquaculture, les industries de transformation et de valorisation, la commercialisation des produits de la pêche et la lutte contre la pêche illicite, non réglementée et non déclarée. Plan d'aménagement du poulpe Le deuxième grand accord concerne la signature d'un Mémorandum d'entente, lors de la dernière visite du roi Mohammed VI à Dakar, en novembre 2016, pour la mise en œuvre d'un plan d'aménagement du poulpe, visant à réglementer l'exploitation de cette espèce rare dont la production est très rentable (10 dollars le kilo à l'export). Ce plan s'articule sur cinq étapes visant la préservation et la valorisation du poulpe, la reconstruction et la sauvegarde des impacts socio-économiques de cette espèce. Quai de Soumbédioune Les autorités sénégalaises qui avaient besoin d'une coopération «à tous les niveaux» en matière de pêche se disent très satisfaites de cette accord avec le Maroc, qui a «une bonne expérience» dans ce domaine. Il se traduira par une synergie des actions entre l'Institut de recherche halieutique du Maroc et le Centre de recherche océanographique de Dakar-Thiaroye (Dakar), en mutualisant leurs navires de recherche. Il faut rappeler aussi que le Maroc finance la construction d'un quai de pêche de Soumbédioune (Dakar) qui devrait être réceptionné courant 2017. D'un coût de 2,7 millions d'euros, cette infrastructure va offrir un cadre structuré pour une activité artisanale sur le site de Soumbédioune qui abrite 306 pirogues et environ 1 500 marins et produit près de 3 700 tonnes de poisson, principalement du pélagique, des thonidés et des céphalopodes. Miser sur la recherche D'après le président l'Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale à Mbour (Aprapam), le Sénégal, pour réussir sa politique de pêche doit impérativement miser sur le développement de la recherche. «C'est la recherche qui va nous permettre de connaître l'état d'exploitation des ressources halieutiques», souligne Gaoussou Guèye, qui dirige la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale où le Maroc est membre. Il plaide pour que le volet recherche soit mieux pris en compte dans le cadre de la coopération. A son avis, la réussite du Maroc dans le secteur de la pêche est liée à plusieurs facteurs. «Le Maroc a su appliquer la rigueur dans sa politique de pêche, tant du côté de la recherche que de l'administration». D'où l'intérêt, selon lui, de s'inspirer des bonnes pratiques de ce pays qui a connu beaucoup de succès dans le domaine de l'économie maritime. Gaoussou Gueye Président de la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale Les Inspirations ECO : En tant que défenseur des pêcheurs artisanaux, comment appréciez-vous la coopération entre le Sénégal et le Maroc dans ce secteur ? Gaoussou Gueye : La coopération entre le Sénégal et le Maroc est satisfaisante. Si on prend le domaine des infrastructures, je peux citer la construction en cours du quai de débarquement de Soumbédioune. Il y a également la signature de plusieurs conventions dont celle liée au poulpe. Nous partageons beaucoup d'expériences dans la gestion des activités de pêche à l'image du repos biologique, un domaine dans lequel le Maroc a une très grande expérience. Que faut-il faire pour renforcer davantage cette coopération entre les deux pays dans le domaine de la pêche ? D'abord, il est important de souligner que les pratiques de pêche ne sont pas les mêmes sur certaines espèces halieutiques. Je pense qu'il serait intéressant de réfléchir sur la mise en place, par le Maroc et le Sénégal, d'un Comité technique de suivi et d'évaluation qui se chargera de faire l'état des lieux de la coopération entre les deux pays dans le secteur de la pêche. Quelle place devraient jouer les professionnels de la pêche artisanale dans cette coopération ? Les pêcheurs artisanaux jouent un rôle essentiel dans ce partenariat. Ils doivent se sentir impliqués dans les prises de décisions. Pour cela, il faut des organisations professionnelles fortes et structurées. Ce qui permettra à ces acteurs d'être mieux écouté par les autorités.