L'AAMM dénonce des taxes sur «la souffrance». Au moins 2.000 courriers ont été envoyés aux décideurs publics et partis politiques. Des malades pénalisés pour leur état de santé, un département de la Santé devant reverser une partie importante de ces recettes au titre des impôts. C'est en quelques mots la situation dénoncée par l'AAMM (Association des amis des myasthéniques du Maroc) dans son réquisitoire au nouveau gouvernement. En cause, deux taxes indirectes frappant les médicaments importés, notamment celle de la douane (17%) et celle de la TVA (7%). «Chaque malade qui se rend à l'hôpital paie environ 37% de taxes pour le matériel de soin et le diagnostique et 24% pour les médicaments. Au même moment, le ministère de la Santé doit reverser environs 30% de ces recettes au titre de la taxe de douane sur les médicaments et le matériel qu'il achète», explique le docteur Idrissi Ahmed, président de l'AAMM. Pour le médecin militant, il ne s'agit clairement pas d'un «impôt sur la souffrance». «Les malades n'ont pas à payer pour les virus qu'ils attrapent, la détérioration de leur santé et les pertes d'activité et de revenus que la maladie leur impose», s'insurge-t-il. Et de dénoncer une «injustice» au niveau de la philosophie même des taxes concernées qui consiste à faire payer à ceux qui souffrent et épargner ceux qui sont en bonne santé. L'injustice, redoute Idrissi, pourrait bientôt s'aggraver avec l'intention du ministère de l'Economie et des finances d'arrondir au supérieur la TVA en vue d'une «simplification» de celle-ci. À ceux qui évoquent la possibilité de souscrire à une mutuelle, le militant rétorque que l'injustice demeure. «La caisse de mutuelle appertient à tous les adhérents y compris aux malades», explique-t-il. «Et à ce titre, c'est aussi dans l'argent des malades que la mutuelle puise pour effectuer les remboursement». À ce propos, le président se veut altruiste : «nous défendons la cause de tous les malades et non uniquement celle des myasthéniques», souligne-t-il. Un engagement qui est à la foi idéologique, économique et social et mené par l'association depuis près de 12 ans avec au moins 2.000 courriers envoyés aux instances suprêmes de l'Etat, aux élus et aux partis politiques. «Il s'agit de réformer ce système fiscal dans ses fondements philosophiques», insiste-t-il. Cela dit, Idrissi se réjouit de l'exonération par l'Etat d'environ 1.600 médicaments. Pour rappel, le Maroc compte environ 3.000 myasthéniques. L'association existe quant à elle depuis 2001.