Une quinzaine de producteurs sénégalais ont pris part au SIAM cette année. Ils espèrent profiter de ce grand raout international pour signer des conventions avec des partenaires, mais surtout s'imprégner de l'expérience marocaine en matière agricole. Comme c'était le cas avec le Salon international d'agriculture (SIA) de Paris, le Programme d'appui à la sécurité alimentaire (PASA), une structure du ministère sénégalais de l'Agriculture, a décidé d'accompagner une quinzaine de producteurs et de techniciens agricoles qui ont pris part, du 18 au 23 avril, au Salon international de l'agriculture du Maroc (SIAM) à Meknès. Les frais de séjour de ces participants ont été entièrement pris en charge. Selon Mouhamadou Moustapha Diaw, DG de la PASA, l'idée est de permettre aux producteurs sénégalais d'aller s'inspirer de ce qui se fait de mieux en matière agricole. «Les producteurs les plus performants sur le terrain en matière de production rizicole, légumière et animale ont été sélectionnés sur la base d'un certain nombre de critères», explique-t-il. Fruits et légumes Le PASA accompagne toutes les filières agricoles. Au niveau de la production, les investissements ciblent le développement d'aménagements rizicoles et la création de fermes agricoles. Le programme travaille ainsi sur la mise en place de 46 fermes modernes dans les régions de Louga et de Kaffrine. Ces fermes devront s'ajouter aux 402 que prévoit de réaliser l'Agence nationale d'insertion et de développement agricole (ANIDA) d'ici 2018. Ces dernières devront produire jusqu'à 90.000 tonnes de fruits et légumes et générer 40.000 emplois. En effet, pour amorcer sa révolution verte, le Sénégal mise sur la création de fermes agricoles modernes à côté de petites exploitations familiales. «Triple A» D'un autre côté, il y a un accompagnement sur la formation pour le renforcement des capacités techniques, le développement organisationnel et la commercialisation. Ainsi, le PASA veut aider les producteurs à se professionnaliser pour atteindre les marchés internationaux avec des produits adaptés aux besoins et aux normes internationales. D'où l'importance de participer à des rencontres internationales comme le SIAM, note le directeur du PASA. Par ailleurs, la présence sénégalaise à Meknès reflète l'intérêt que le pays porte pour l'initiative «Triple A» (adaptation de l'agriculture africaine) lancée par le roi du Maroc Mohammed VI lors de la COP 22 à Marrakech. Une initiative qui vise à réduire la vulnérabilité de l'agriculture du continent face aux changements climatiques et à lier le financement climat à la sécurité alimentaire. «Il faut se rapprocher des producteurs marocains» Mouhamadou Moustapha Diaw dg Pasa Quelles peuvent être les retombées de la participation sénégalaise au SIAM ? C'est une rencontre d'échanges, donc cela participe au renforcement des capacités de nos producteurs. Cela contribue aussi à une certaine ouverture d'esprit pour les amener à changer de paradigme, tout en intégrant des principes de durabilité. De ce point de vue, le SIAM est un rendez-vous essentiel. Il est aussi possible de tisser des relations de coopération et de partenariats pour profiter de l'expertise marocaine sur le plan cultural ou de la production animale. Quelles leçons le Sénégal peut-il tirer du Plan Maroc Vert ? Il y a beaucoup de similitudes entre le Maroc et le Sénégal, du point de vue de la superficie, de la pluviométrie. Malgré tout, le Maroc a pu obtenir d'excellents résultats avec le Plan Maroc Vert au point de devenir un exportateur net de produits agricoles. Le Maroc nous a prouvé que le déficit de pluviométrie ne doit pas être considéré comme un handicap. Comment voyez-vous les échanges sur le plan agricole ? Dans le domaine de la formation, il y a beaucoup de cadres sénégalais qui ont été formés à l'Institut agronomique et vétérinaire de Rabat. Moi-même, j'ai eu à participer à un programme de formation à Rabat. Concernant les échanges de produits agricoles, le Maroc exporte déjà beaucoup de produits laitiers et des agrumes au Sénégal. En retour, le Sénégal peut conquérir des parts de marché au Maroc en misant sur des produits tropicaux comme la mangue. Des atouts à valoriser À propos du thème de cette 12e édition du SIAM : «Agrobusiness et chaînes de valeur agricole durables», le Sénégal met en avant ce qu'il considère comme étant ses «atouts». D'abord, un contexte favorable au développement de l'agriculture avec des terres fertiles et bien arrosées (la Vallée du fleuve Sénégal dans le nord, la Vallée de l'Anambée dans le sud) et une longue tradition agricole. Ensuite, une volonté politique réaffirmée dans le cadre du Programme d'accélération de la cadence de l'agriculture sénégalaise (PRACAS, le volet agricole du Plan Sénégal émergent, PSE) visant à faire de l'agrobusiness le moteur de la croissance. Enfin, l'existence d'un tissu d'écoles de formation agricoles et une société rurale très forte. Cependant, malgré ces atouts, le Sénégal doit encore relever plusieurs défis (mécanisation, maîtrise de l'eau, transformation) pour tirer pleinement profit d'un secteur à fort potentiel. Et c'est là que l'expérience marocaine «peut nous être utile», souligne M. Diaw.