Au-delà des révélations brûlantes publiées dans l'étude sur la concurrentiabilité du secteur de l'industrie pharmaceutique, le rapport de synthèse contient également des informations intéressantes quant à la situation actuelle du secteur au Maroc. On y apprend entre autres que 20% des médicaments vendus sur le territoire marocain sont distribués directement par les laboratoires pharmaceutiques – sans passer par les grossistes – auprès des hôpitaux et cliniques, des pharmacies voire des consommateurs pour une partie très négligeable du volume. Le plus gros du marché, soit 80%, est toutefois distribué par les officines nationales grâce aux grossistes répartiteurs qui seraient une cinquantaine. En 2010, le chiffre d'affaires réalisé par le secteur pour la partie privée, soit les médicaments vendus par les officines, s'est ainsi établi au niveau national à 7,9 milliards de DH, soit une augmentation de 2% par rapport à 2009. A noter par ailleurs que 80% de ce chiffre d'affaires est réalisé par 14 entreprises. Dans le top 3 de l'année 2009 par exemple, on retrouve sans surprise le français Sanofi-Aventis (10,52%) et sa filiale marocaine Maphar SA (9,30%) et le marocain Laprophan (8,63%). Entre 2004 et 2009, seuls deux nouveaux opérateurs ont fait leur entrée : Pharmed SA, filiale de Pharma 5 et MC Pharma, filiale de Cooper Pharma. L'analyse des ratios de concentration sur la période 2005-2009 va encore plus loin : en 2009, les 4 premiers industriels pharmaceutiques détiennent 44% des parts de marché, les 8 premiers en détiennent 64% et les 20 premiers pèsent pour 95% des parts de marché. En 2005, la situation était identique. Quid des 20 autres entreprises présentes dans le secteur? Elles se partagent les miettes. Une concentration dans les chiffres qui se retrouve aussi au niveau géographique puisque le Grand Casablanca concentre 80% de ces industriels pharmaceutiques avec 32 des entreprises installées dans la région. Une augmentation de 193% de la consommation entre 1991 et 2009 Autre phénomène constaté, et non des moindres, la croissance régulière des importations de médicaments: en 2009, ces importations ont atteint 4 milliards de DH. 43% sont acheminés depuis la France. Quant à la production locale, l'étude la qualifie de faible : « L'industrie pharmaceutique nationale est caractérisée par un faible volume de production et des difficultés à réaliser des économies d'échelle, du fait de l'étroitesse du marché local. Cette étroitesse trouve son origine d'une part dans la faiblesse du pouvoir d'achat au Maroc et d'autre part dans l'insuffisance de la couverture par assurance maladie », poursuit ainsi l'étude. Et pourtant, les importations ne cessent d'augmenter. Tout comme la consommation d'ailleurs. Entre 1991 et 2009, la consommation de médicaments achetés dans le privé par habitant a progressé de 193% puisqu'elle est passée de 121 DH en 1991 à 372 DH en 2009 (environ 46 dollars). L'introduction de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) en 2004 semble avoir eu un impact particulier sur l'évolution de la consommation entre 2005 et 2009 puisque celle-ci a connu une progression exceptionnelle de 44%. Même si elle témoigne d'une augmentation régulière, la consommation de médicaments au Maroc reste largement inférieure à celle observée aux Etats-Unis (770 dollars par habitant et par an) au Japon (506 dollars) et en Europe (380 dollars). En 2009, les Marocains ont ainsi consommé 8,6 boîtes par habitant. La France, destination de 71% des exportations de médicaments made in Morocco Malgré la persistance d'une faible consommation, l'industrie pharmaceutique locale a de la marge : les exportations de médicaments fabriqués au Maroc, génériques marocains ou séries industrielles européennes délocalisées, sont passées de 241 MDH en 2005 à 426 MDH en 2009. Bien sûr, la France reste la principale destination de ces médicaments, avec 71% des exportations vers l'Europe acheminées vers la France. L'Afrique ne compte quant à elle que pour 31% des exportations marocaines de médicaments, avec une forte prédominance du Maghreb et une tendance récente à conquérir l'Afrique subsaharienne.