José Manuel Medina : Directeur projet Women for Growth pour le Maroc et l'Algérie Les Inspirations ECO : L'Organisation internationale du travail a mis en œuvre, en octobre 2015, le projet «Women for Growth» au Maroc. Quel est le bilan de cette initiative ? José Manuel Medina : Ce projet, financé par le département d'Etat des Etats-Unis, fait partie des efforts du Bureau intertional du travail (BIT) pour promouvoir les entreprises durables et le travail décent tout en incluant la question de l'égalité homme/femme. Le développement de l'entrepreneuriat des femmes est une condition essentielle pour améliorer le développement de la société marocaine. La stratégie du BIT de développement de l'entrepreneuriat des femmes veille à travailler en collaboration avec les prestataires de services dans chaque pays (financiers, non-financiers, publics, privés, associatifs, indépendants etc.) afin de renforcer leurs capacités à mieux soutenir les femmes entrepreneurs dans la création et la croissance de leurs entreprises. Au Maroc, et à l'aide des outils du BIT pour la création et la gestion d'entreprises de femmes (GET AHEAD), plusieurs institutions œuvrant dans l'accompagnement des femmes ont reçu des formations qui sont en train d'être dupliquées auprès des femmes bénéficiaires. Le projet cherche aussi à identifier, à l'intérieur de ces organisations, quelles mesures peuvent être adoptées pour augmenter le nombre de bénéficiaires de leurs services, quel type des prestations (des produits pourraient être offerts aux femmes), quelle approche adopter pour mieux les informer sur les opportunités existant sur le marché. À l'heure actuelle, les institutions participantes sont en train de conduire un auto-diagnostic interne afin d'identifier les mesures et activités à mettre en place pour mieux servir les femmes. Finalement, on s'intéresse au développement d'un environnement favorable pour l'éclosion de ces entreprises, en appuyant la réalisation des évaluations de la situation, et en travaillant avec les gouvernements et les responsables politiques pour éliminer les barrières spécifiques liées au genre auxquelles les femmes entrepreneures se trouvent confrontées. Les résultats que nous avons visés devraient constituer une base pratique pour contribuer à la définition d'orientations nationales pour faire prospérer l'entrepreneuriat féminin dans tous les secteurs économiques sur des bases plus équitables et participatives. Le rapport développé sera finalisé très bientôt grâce à l'appui du projet Youth at Work et le financement du gouvernement de Canada. Quels sont les principaux points de blocages relevés? Les questions d'accès au financement, de formation en techniques managériales, ou encore d'orientation des porteuses de projet sont des contraintes clés pour les femmes. Au-delà de ces obstacles, des questions sociétales et culturelles doivent aussi être confrontées. Il est important, finalement, de veiller à développer un environnement qui facilite et encourage la création, la consolidation ainsi que le développement des entreprises formelles appartenant aux femmes. Le poids de l'informel reste important et fausse la concurrence. Il s'agit de soutenir la création d'entreprises qui respectent la législation en place. Que fera l'OIT pour augmenter le nombre d'entreprises féminines au Maroc? Notre stratégie en matière de promotion d'entrepreneuriat féminin a pour finalité de contribuer à l'autonomisation des femmes en agissant sur les leviers tels que l'identification des obstacles, la formation en techniques managériales, l'identification des créneaux porteurs pour l'adaptation des produits aux besoins des femmes. Or, le Maroc dispose des institutions publiques et privées qui sont efficaces pour promouvoir l'entrepreneuriat. Elles doivent jouer un rôle plus large en s'adressant à l'ensemble des femmes potentiellement entrepreneurs. Il s'agit de fournir des formations adéquates aux femmes pour qu'elles soient à même de devenir cheffe d'entreprise. Il s'agit aussi de mettre en place des mécanismes de partenariat avec les autorités pour mobiliser les acteurs à travers un plan d'action sur l'entrepreneuriat féminin. Quelles sont les prochaines étapes de déploiement du projet ? Le projet Women for Growth prendra fin durant le premier trimestre de l'année 2017. Nous espérons que tout le travail fait au Maroc par le BIT permettra d'encourager nos partenaires à mieux orienter les femmes et à mieux les outiller pour créer des entreprises dans les meilleures conditions possibles. Le travail de mise en relation entre les partenaires doit se poursuivre et s'élargir à, par exemple, d'autres territoires du royaume. En même temps, l'approfondissement dans l'identification des opportunités au sein des filières identifiées pourrait permettre la mise en place de programmes spécifiques de création d'entreprises de femmes dans des actions de développement d'entreprises dans l'artisanat, le tourisme ou l'industrie textile. Or ce sont des activités que nous devons programmer dans le cadre d'une deuxième phase, demandant un travail préalable de mobilisation de ressources.