6%. Un pourcentage visiblement bien réduit mais qui dénote tout de même d'une croissance annuelle positive de la consommation du ciment à fin août dernier. Ahmed Taoufiq Hejira, ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, a appliqué la logique du verre à moitié plein, lors de l'ouverture officielle de Construmar. Cette deuxième édition du Salon international de la construction, des travaux publics et de la finition, qui devrait se poursuivre jusqu'au 9 octobre, a vu la participation de 120 exposants provenant de huit pays à majorité euro-méditerranéenne. «Le nombre d'exposants a bien évolué, avec une variation de 30% en comparaison avec la première édition en 2009», explique Bouchra Kadiri, la commissaire générale du salon. Sur cet aspect, force serait de constater l'écrasante participation du secteur turc de la construction. Après la cinquantaine d'enseignes marocaines - en grande partie constituée de PME et de coopératives – 35 sociétés de cette économie émergente d'Europe du sud-est, sont présentes. «Cette présence en nombre est bien significative. Face à des débouchés européens de plus en plus étroits et vides de perspectives, la tendance est plus au sud de la méditerranée», commente ce représentant de la société Ozcelik Makina, fabricant de machinerie industrielle destinée aux chantiers de construction. Le Maroc est en passe en effet de devenir une plateforme de relais de croissance pour les entreprises turques du BTP. Turkish rush Si une bonne partie des participants turcs à ce salon étaient encore en prospection de clientèle locale sur les différentes filières de la construction et du BTP notamment, d'autres sont par contre déjà bien présents sur le marché local, soit à travers leurs produits ou en représentation commerciale directe. Elkon en est l'illustration. La société est spécialisée dans la fabrication de centrales à béton. «Nos activités de vente sur le marché local sont en bonne évolution. Nous avons enregistré une croissance annuelle de 100% sur 2010/2011. Le mois dernier par exemple, nous avons fait sept expéditions sur ce marché, ce qui est a priori un bon chiffre, puisqu'il s'agit là de lourds investissements», nous explique Achraf Jarboui, responsable pour les pays francophones de l'enseigne turque. Mais Elkon a aussi d'autres visées dans la région, comme ses autres sociétés compatriotes. «Le marché marocain est encore assez limité, en dépit des perspectives qui semblent bonnes. Pour le moment, l'Algérie, par exemple, nous semble plus dynamique. Nous avons, de janvier 2011 à aujourd'hui, exporté environ 26 centrales clés en main vers ce pays. Il y existe un grand potentiel», poursuit Achraf. Céramistes en com' Du côté marocain, les problématiques étaient tout autres. Dans les 50 enseignes et coopératives présentes, une bonne partie sont actives dans la filière de la céramique. Là, au-delà du business proprement dit et des rencontres d'affaires, ce sont les tiraillements entre importateurs et producteurs locaux qui ont été littéralement transposés sur la place des échanges. Les premiers étaient d'ailleurs les plus présents lors de ce Salon, à l'image de Mohamed Zeamari, responsable de l'enseigne Casa Cleopatra, distributeur exclusif des produits du groupe espagnol Ceramica Cleopatra (CCG). L'opportunité était assez appropriée aux communications lobbyistes et la remise sur la table de cette vieille guéguerre. «Ce n'est que trois et quatre grands fabricants locaux qui veulent s'accaparer tout le secteur et se positionner en interlocuteurs exclusifs des professionnels du bâtiment, en incitant à la limitation des importations», tance cet opérateur, à la fois membre du bureau exécutif de l'association des importateurs de produits céramiques. «Il est vrai que nous sommes à près de 30% plus chers sur le rapport prix que l'offre locale, mais pour une qualité bien sûr largement supérieure. En Espagne, par exemple, la céramique locale est dans la catégorie de troisième choix», ironise - sérieusement - Zeamari. Point de vue: Bouchra Kadiri, Commissaire générale de Construmar Le secteur marocain des BTP et de la construction affiche une évolution strès dynamique, grâce, particulièrement pour l'immobilier, aux incitations gouvernementales et aux grands programmes de chantiers d'infrastructures publiques lancés par l'Etat pour développer les opportunités du secteur. De ce fait, le royaume est aujourd'hui devenu la cible de beaucoup d'investisseurs étrangers comme les Turcs et les Espagnols. Pour cette deuxième édition de Construmar, nous avons résolument voulu diversifier les filières représentées. Nous en avons une dizaine, dont 27% portent sur les «gros œuvres», 19% sur la menuiserie et la même proportion pour les «matériels et outillage du bâtiment». Le côté financement était aussi présent, puisque nous avons eu la participation d'enseignes de la bancassurance.En outre, cette édition regroupe huit pays euro-méditerranéens. Nous avons également la formation, qui participe à cette édition avec des écoles d'architecture et d'ingénierie. Quant aux perspectives, nous comptons capitaliser sur Construmar et bien préparer le Salon international du bâtiment (SIB).