Les machines et les humains bientôt à égalité ? La question se pose alors que les progrès technologiques ont repousser les frontières du possible, les robots ayant de plus en plus la «faculté de penser». Avec le développement de l'intelligence artificielle, le comportement des machines se rapproche chaque jour un peu plus de celui des humains. Le progrès soulève des interrogations légitimes quant à l'avenir de l'homme, mais constitue-t-il pour autant une réelle menace ? Nos emplois sont-ils en danger ? Si l'on en croit l'étude menée par des chercheurs de l'université d'Oxford en 2013, 47% des métiers actuels ont plus d'une chance sur deux d'être confiés à des machines d'ici vingt ans. Les professions répétitives et facilement automatisables, telles que télévendeur, développeur photo, réparateur de montres, comptable ou encore agent de crédit, sont les plus menacées. Le World Economic Forum, fondation organisatrice des Sommets de Davos, parle de cinq millions d'emplois perdus d'ici 2020, notamment dans l'administration et chez les «cols blancs» aux tâches routinières. Il se rapproche des conclusions de David Autor, professeur d'économie, qui estime quant à lui que ce sont les emplois moyennement qualifiés qui subiront de plein fouet la concurrence des robots. Selon les chercheurs du MIT Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, nous vivons aujourd'hui une nouvelle révolution industrielle («The Second Machine Age», 2014), où ce n'est plus la force manuelle mais bien la force cognitive qui est désormais la cible des machines. Elle n'épargne pour ainsi dire aucun secteur d'activité. Malgré la convergence de ces scenarii, la communauté des chercheurs reste cependant très partagée sur la question du transfert des emplois humains vers les machines : dans une enquête conduite en 2014, le Pew Research Center rappelle qu'un chercheur sur deux pense encore que la technologie génèrera plus d'emplois qu'elle n'en détruira d'ici 2025. Oui, des emplois humains disparaîtront, mais d'autres verront le jour. Reste à savoir si le solde sera positif... L'éthique, limite au développement de l'intelligence artificielle ? Les programmes et leurs robots sont déjà largement intégrés dans notre vie quotidienne... pour le meilleur et parfois pour le pire ! Certaines applications, derrière les services qu'elles rendent, soulèvent d'épineuses questions éthiques pour lesquelles il est légitime de s'interroger. En cas d'accidents inévitables, comment les véhicules autonomes réagissent-ils ? Sont-ils paramétrés pour privilégier la vie de leurs passagers ou vont-ils choisir de maximiser le nombre de vies sauvées ? Quand l'armée américaine confie progressivement ses interventions militaires à des machines, qui n'ont besoin d'aucune intervention humaine pour choisir leurs cibles et les frapper, est-elle certaine que les attaques n'auront pas d'effet disproportionné sur les populations et que les civils seront épargnés ? Lorsqu'il s'agit de prendre des décisions, l'intelligence artificielle est incapable de faire preuve d'empathie, de raison ou tout simplement de bon sens. Son absence d'humanité la rend potentiellement dangereuse. Alors que penser du mouvement transhumaniste, qui prône le recours à l'intelligence artificielle pour dépasser les faiblesses du corps et de l'esprit humains et rêve de l'avènement d'êtres «post-humains», mi hommes-mi machines ? Ces perspectives renvoient au besoin primodial de soumettre le développement de l'intelligence artificielle à des lois, qui encadrent strictement ses activités. Elles naîtront sous les revendications de collectifs de chercheurs ou de personnalités, qui s'appuieront sur des travaux associatifs ou suivront la vision de dirigents éclairés. Peu importe le chemin pourvu que les limites soient posées. L'intelligence artificielle peut-elle soumettre les hommes ? Qu'on se le dise : les tests d'intelligence jusqu'alors effectués sur les machines pensantes révèlent qu'elles sont encore bien loin de représenter une menace pour l'homme ! À l'heure actuelle, l'intelligence artificielle a le QI d'un enfant de quatre ans. Dans un QCM destiné à des élèves de 14 ans, son score ne dépasse pas 60% de bonnes réponses. Il lui manque aujourd'hui la capacité d'adaptation et d'abstraction que le cerveau humain a mis des millions d'années à acquérir. Cependant, avec le développement rapide du deep learning, méthode qui lui permet de créer des modèles de pensée à partir d'une grande quantité d'exemples, l'intelligence artificielle a le potentiel de faire d'importants progrès en un temps record. Internet lui fournit déjà une source inépuisable de connaissances pour développer ses capacités cognitives. D'ici quelques décennies, il est possible qu'elle finisse par égaler l'intelligence humaine ; elle continuera alors à se développer de manière exponentielle là où son créateur stagnera. C'est la crainte clairement exprimée par le physicien Stephen Hawking ou encore des célèbres Bill Gates et Elon Musk. Partant du principe qu'il vaut mieux partager l'intelligence artificielle avec le plus grand nombre pour éviter qu'elle ne tombe entre les mains d'une minorité trop exclusive, Musk s'est associé à de grands noms de la Silicon Valley pour créer OpenAI. Ce centre de recherche à but non lucratif a pour mission de développer l'intelligence artificielle au profit de l'humanité. Dans le même élan, Google, Facebook et Microsoft se sont engagés à partager toutes leurs données sur l'intelligence artificielle. Si aucune menace n'émane aujourd'hui des machines à l'encontre des hommes, on crée déjà des conditions favorables au désamorçage d'une telle éventualité. Ces orientations sont-elles alarmistes ou véritablement visionnaires ? L'avenir nous le dira ! Alexandra mouaddine pour H&F Associates Business Partner RH au Maroc