Tout le monde se souvient de son énergie incroyable sur la scène Rachidi en 2005, quand il était descendu de scène pour se retrouver au milieu du public. Wyclef Jean est de ces musiciens incroyables qui créent pour les autres et pour lui. De Mary J Blige à Shakira en passant par Santana sans oublier le trio qui l'a fait connaître aux côtés de Lauren Hill «The Fugees», Wyclef traverse le temps sans prendre une ride. Il s'apprête à faire vivre à Rabat et à Mawazine un moment de musique inoubliable le 22 mai prochain. Echange téléphonique chaleureux avec un artiste et un être humain au grand cœur. Composer le numéro de téléphone de Wyclef Jean et échanger avec lui n'est pas donné à tout le monde. Et pourtant, il rend la tâche facile et presque naturelle tellement il est humble et humain. En effet, à quelques semaines de son concert à l'OLM Souissi dans le cadre de la 15e édition du Festival Mawazine Rythmes du Monde, le musicien multi-primé, producteur, auteur compositeur et acteur, Wyclef Jean confie qu'il a hâte de retrouver un public qui lui est cher, un public marocain qu'il connaît déjà pour avoir enflammé la scène Rachidi en 2005. «Vous devez comprendre que c'est un retour au pays pour moi ! Je suis vraiment attaché à mes racines et à l'endroit d'où je viens. Pour moi, revenir au Maroc, c'est revenir à la maison, aux sources, revenir en Afrique. La dernière fois que je suis venu, je me souviens d'une énergie incroyable. Quand je joue au Maroc, c'est différent des Etats-Unis ou de Haïti, c'est une sorte de public local 100% marocain. J'ai hâte de jouer à Rabat pour le festival Mawazine et retrouver cette ambiance, d'avoir cette chance de jouer pour mon peuple !». Les racines avant tout Ce qui fait de cet artiste un incroyable messager de la musique, c'est qu'il n'a jamais oublié d'où il venait. Originaire de Haïti, et ayant passé son enfance dans les quartiers pauvres de Brooklyn, Wyclef Jean n'a pas dévié grâce à la musique. Il fait des rencontres déterminantes, fait ses études dans le New Jersey et étudie la guitare et le jazz. «C'est la raison pour laquelle je suis reconnaissant et que je profite de toute cette chance en la célébrant sur scène ! Beaucoup de mes amis d'enfance sont en prison, ont été tués dans la rue, sont devenus des dealers de drogue. J'étais dans ces mêmes rues et la musique a sauvé ma vie ! Pour moi, je ne suis pas différent de ces autres enfants à Brooklyn, qui entrent dans une épicerie pour voler, ou qui sont dans un coin de rue à éviter la police ou celui qui tient son premier flingue ! Venir de là-bas et savoir que j'ai un don, d'ailleurs ma mère disait souvent que la guitare était un don en soi, elle me disait toujours : «Laisse tomber le flingue, prends la guitare !». Un conseil qu'il suit à la lettre. Il fait la rencontre de sa vie, avec la grande Lauren Hill avec qui il crée le groupe The Tranzlator Crew en 1989, lequel devient The Fugees en 1994 à la vielle de la sortie de l'album. La suite, tout le monde la connaît...Un succès fulgurant mais toujours la tête sur les épaules. «Nous avons tous une date de naissance et une date de décès. Ce que nous vivons entre les deux est ce temps compté où on peut faire la différence. Pour moi, c'est toujours important de ne pas oublier l'essence de qui nous sommes. Chacun est né avec certains dons en tant qu'être humain, le don de la musique est très important, il faut en être conscient et il faut être humble et le mériter. Ne pas le garder pour soi-même». L'humain dans la musique Dans les chansons de Wyclef Jean, dans ses albums, ses préoccupations et ses racines sont omniprésentes. De «Welcome to Haïti» à «Toussaint St Jean» ou «The Carnaval», le musicien chante son cœur, sa vie. Une clé de réussite selon lui: «J'ai cette impression que je viens de commencer ma carrière. Je sens que j'ai 19 ans à peine. C'est un secret ça déjà ! Et chaque chose que l'on fait doit venir directement du cœur. Si on fait quelque chose du cœur et que l'on est convaincu, c'est la clé du succès car le succès réel est basé sur le bonheur ! Qu'est-ce qui me rend heureux ? La musique me rend heureux ! Je dis souvent aux gens qu'il faut aimer ce que l'on fait. C'est facile à dire mais c'est tellement vrai. Et vous devez le faire à 100% du fond du cœur». De son cœur, il réunit les stars après le tremblement de terre de Haïti, fédère, essaie de construire grâce au pouvoir de la musique. Il utilise cette oppression afin de faire bouger les choses et élever les gens pour qu'ils aillent de l'avant. «La migration est là depuis des générations, bien avant que vous et moi soyons sur cette terre ! J'ai vraiment besoin que les gens se souviennent de cela ! L'idée que des gens quittent leur terre pour se chercher ou pour trouver refuge afin de continuer à vivre existe depuis toujours, que ce soit à Haïti, Cuba, en Libye ou en Syrie ! Et ceux qui ne se sentent pas concernés et qui chassent ces gens ou les ignorent n'ont qu'à réfléchir quelques secondes et se souvenir de leurs ancêtres qui étaient dans la même situation. On doit être conscients de tout cela et montrer un peu plus d'amour envers l'autre...». CAP SUR RABAT ! Le 22 mai, Wyclef Jean joue à l'OLM Souissi et concocte un concentré de bonnes vibes et de tubes qui l'ont fait connaître. Le musicien révèle qu'il n'a pas besoin de se préparer et qu'il mise sur l'improvisation. «Chaque concert est différent. Je ne prépare jamais...Je ne répète pas avant un concert car j'ai passé ma vie à répéter ! Je ne crois pas aux répétitions, mon groupe vous le dira ...Tout ce que je sais, c'est que j'ai plus de 20 ans de musique derrière et que j'ai envie de partager tout cela avec le public. Les fans de Fugees s'attendent à des chansons de Fugees, les fans de «The Carnaval» vont s'attendre à cette période-là, les fans de Shakira vont vouloir écouter la chanson qui fait notre succès, les fans de Santana aussi... Je suis défini pas mes collaborations mais quand vous venez voir un concert de Wyclef, vous assistez au concert de l'homme derrière la musique. Généralement, ce sont les interprètes qui sont mis en avant, pas ceux qui ont créé la musique. Je suis chanceux de pouvoir créer la musique et l'interpréter par la suite», explique celui qui joua aux côtés de son groupe «génial et unique» avec un bassiste incroyable de Madagascar, un batteur originaire de Jamaïque et le DJ est le DJ des Fugees... «Nous sommes 4 mais avons l'impression qu'il y a 100 musiciens sur scène». De la nostalgie mais pas seulement. Celui qui nous a tous donné envie d'appeler le «911» revient avec un nouveau titre «My girl» qu'il vient de mettre en ligne sur sa page Facebook «Heads Music Official». Il prépare un nouvel album qu'il présentera en avant-première à Rabat le 22 mai prochain. «J'ai hâte de vous retrouver, soyez prêts, on arrive !»...