Trois mois après le rejet de lixiviat (jus d'ordures) par Tecmed Maroc à l'ancienne décharge de Bekaran d'Agadir, le comité régional des études d'impact sur l'environnement a prononcé son verdict. Près de 18 administrations et services extérieurs ont signé un PV faisant suite à la réunion du lundi 8 aout 2011 et pointant du doigt la défaillance de la gestion par Tecmed Maroc de la nouvelle décharge de Tamesla. «Le comité régional a pris connaissance du problème du déversement illégal de lixiviat. Selon les analyses réalisées par le laboratoire LPEE, les rejets dépassent de loin les normes, du fait que les valeurs des paramètres indicateurs de pollution (demande biologique et chimique en oxygène, conductivité, matières en suspension, chlorures, sulfures et métaux lourds) sont très élevées» relève-t-on dans le procès verbal. En effet, l'histoire remonte à juillet dernier (voir l'édition du mardi 12 juillet) où l'Agence du basssin hydraulique Souss-Massa-Drâa a procédé dans le cadre de la police de l'eau, à un contrôle inopiné du site de l'ancienne décharge de Bekaran, suite aux réclamations des populations des quartiers avoisinants. «Le contrôle réalisé le vendredi 8 juillet 2011 a permis l'arrestation de 7 camions d'une capacité totale de 47 tonnes avec en moyenne 4 voyages par jour», sachant que l'opération a duré 15 jours selon le PV d'infraction établi par l'agence du bassin hydraulique. Le lixiviat stocké à la nouvelle décharge de Tamesla a été transporté sur le site de l'ancienne décharge de Bekaran et il a été directement injecté dans la nappe phréatique sans traitement, à travers des bassins non étanches et des puits profonds, par la société Tecmed Maroc. Dangereuse infraction Cette décision est intervenue suite au remplissage des bassins de stockage et en accord avec la commune urbaine d'Agadir. Le comité a qualifié cet acte d'infraction dangereuse aux dispositions de la législation en vigueur (articles 52 de la loi 10-95 de l'eau et 33 de la loi 28-00 de la gestion de déchets et de leur élimination). Selon le décret d'application n°2.07.253 de la loi 28-00 relatif à la gestion de déchets et leur élimination, le lixiviat est classé comme un déchet dangereux, portant le signe (DD) et l'article 30 interdit tout enfouissement, rejet ou stock dans des lieux autres que les installations qui lui sont réservées. Pire encore, l'article 70 punit d'une amende de 10.000 à 2.000.000 de DH et d'un emprisonnement de 6 mois à 2 ans ou de l'une de ces deux peines seulement, toute personne physique ou morale qui dépose, jette ou enfouit des déchets considérés comme dangereux en dehors des endroits désignés à cet effet. À cet égard, le comité insiste sur l'application des dispositions juridiques nécessaires, en particulier les articles 118 de la loi 10-95 et 70 de la loi 28-00. Nous recommandons à la police de l'eau représentée par le bassin hydraulique de prendre les mesures nécessaires. Selon l'étude d'impact du projet de la décharge, validée par le comité national et le rapport technique afférent à cette étude, les quantités de lixiviat à traiter au niveau de la décharge de Tamesla sont de l'ordre de 222 m3/jour pour l'année 2010, alors que la quantité générée actuellement est de l'ordre de 80 m3/jour. Il est demandé ainsi à la société délégataire d'assumer ses responsabilités pour résoudre ce problème et c'est à la commune urbaine d'Agadir en tant que chef de file d'appliquer rigoureusement les spécifications et les clauses du cahier des charges, ainsi que de l'appel d'offres sur performance. La crainte du comité demeure également l'infiltration du lixiviat dans la nappe phréatique. La différence constatée entre la quantité de lixiviat générée actuellement (80 m3/jour) et la quantité prévue selon les documents technique (222 m3/jour) laisse entrevoir la probabilité d'une pénétration de près de 142 m3/jour dans la nappe phréatique. La cause en est la qualité des ouvrages réalisés, en particulier l'imperméabilisation des fonds de casiers, la mauvaise qualité du système de drainage et du système de collecte. Outre le problème du lixiviat, celui du compostage et des chineurs pose des difficultés, tant au niveau de la durée de vie de la décharge, qu'a celui de son dysfonctionnement. La responsabilité de limiter l'accès au site de la décharge relève en effet de la société délégataire.