La Banque mondiale vient d'abaisser ses prévisions pour le prix du pétrole et 36 autres matières premières pour les prochains mois. Il s'agit d'une bonne aubaine pour l'économie nationale, qui va continuer à améliorer ses indicateurs à l'heure où la situation agricole soulève des inquiétudes sur l'évolution de la croissance. Les caisses de l'Etat vont encore «subir» en 2016 ! Après les économies réalisées durant l'exercice précédent à la suite de la chute des prix des matières premières, principalement les produits énergétiques, les perspectives d'évolution des cours sur les principaux marchés internationaux et pour les prochains mois, annoncent une poursuite de la détente. C'est en tout cas ce qui ressort de la dernière actualisation des prévisions que vient de rendre publiques la Banque mondiale. Dans sa dernière édition du Commodity Markets Outlook, la Banque a abaissé ses prévisions des prix moyens pour 37 produits sur les 46 suivis. Selon le rapport que la Banque mondiale consacre chaque trimestre aux perspectives des marchés des matières premières, cette révision à la baisse reflète plusieurs facteurs liés à l'offre et à la demande. «Tous les indices de prix des principaux marchés de matières premières sont attendus à la baisse en 2016, résultats de surproductions persistantes et dans le cas des matières premières industrielles, d'une demande au ralenti dans les économies émergentes», anticipe le rapport qui a été publié hier mardi. Le baril de pétrole devrait, par exemple, s'établir à 37 dollars sur l'année 2016, contre une moyenne de 50 dollars en moyenne en 2015. Pour rappel, la loi de Finances 2015 avait prévu un baril à 61 dollars. Selon les projections de l'institution de Bretton Woods, après un plongeon de 47% en 2015, les cours de l'or noir devraient encore reculer de 27% en moyenne en 2016. La Banque mondiale anticipe cependant une remontée progressive des prix au cours de l'année en se fondant sur plusieurs facteurs, notamment la forte chute des cours pétroliers enregistrée au début de l'année 2016, qui ne semble pas relever totalement des ressorts fondamentaux de l'offre et de la demande. De même, les producteurs de pétrole qui affichent des coûts de production élevés devraient subir des pertes persistantes et procéder à des réductions de leur production, qui viendront probablement compenser l'arrivée d'une offre supplémentaire sur le marché. Enfin, et c'est encore une bonne nouvelle pour l'économie nationale, la Banque mondiale table sur un léger renforcement de la demande lié à une reprise modeste de la croissance mondiale. La chute brutale du baril de ses derniers jours, 30USD en moyenne, ne sera que de courte durée avant un léger rebond, lequel toutefois devrait être plus faible que ceux observés à la suite des fortes baisses de 2008, 1998 et 1986, en plus du fait que les perspectives restent exposées à des risques de dégradation considérables. Accalmie sur le moyen terme L'amélioration sensible des indicateurs macroéconomiques enregistrée en grande partie en 2015 suite à cette détente sur les cours qui a positivement impacté la balance commerciale est partie pour se poursuivre pour un temps encore. «On peut s'attendre à ce que la faiblesse des prix du pétrole et des autres matières premières dure encore un certain temps», a estimé John Baffes, économiste senior à la Banque mondiale et principal auteur du rapport pour qui «même si l'on voit des signes de remontée légère des prix des matières premières au cours des deux prochaines années, les risques de dégradation restent importants». Il convient de rappeler qu'à fin 2015 et selon les chiffres provisoires de l'Office des changes, le taux de couverture des importations s'est affiché à 58,5% contre 51,7% en 2014, ce qui correspond à un niveau historique sur les dix dernières années en raison du recul des importations (-5,6%) et une progression des exportations (+6,7%). Pour les importations, l'amélioration a été largement engendrée par la baisse du prix des énergies fossiles avec une facture énergétique qui s'est contractée de 28%. Aussi, la baisse des importations de produits agricoles, particulièrement les céréales brutes (-14,3%) en raison de la bonne récolte de la précédente campagne agricole et la faiblesse des prix mondiaux des céréales, ont permis d'améliorer le solde commercial qui affiche des indicateurs assez reluisants. Impact différé Outre les marchés pétroliers, la Banque mondiale prévoit également pour 2016 une baisse générale des prix des principaux produits de base qui s'explique par une offre toujours abondante et dans le cas particulier des matières premières industrielles par le ralentissement de la demande dans les économies émergentes. En ce qui concerne les matières premières non énergétiques, le rapport prévoit un recul global de 3,7% en 2016. Après une chute de 21% en 2015, les cours des métaux devraient baisser cette année de 10% sous l'effet d'une demande plus modérée dans les économies émergentes et d'une augmentation des capacités de production. «La baisse des prix des produits de base est un phénomène à double tranchant : elle profite aux consommateurs des pays importateurs tandis qu'elle nuit aux producteurs dans les pays exportateurs nets, explique ainsi Ayhan Kose, directeur du groupe des perspectives du développement de la Banque mondiale. En outre, ajoute l'expert, «il faut du temps avant que les bienfaits de la baisse des prix des matières premières ne se traduisent par une croissance économique plus soutenue dans les pays importateurs tandis que pour les pays exportateurs, les préjudices sont immédiats».