Faute de moyens pour acheter les aliments de bétail, les éleveurs en bradent une partie pour sauvegarder le reste. Les producteurs d'aliments composés tentent de s'adapter à cette situation. Le déficit pluviométrique a eu un impact négatif sur l'élevage de bétail. Du moment que le pâturage fait défaut, les éleveurs devraient se tourner vers les aliments composés même si le fourrage et l'eau demeurent les aliments de subsistance du cheptel. Une situation qui devrait réjouir les fabricants d'aliments composés qui espèrent remplir leurs carnets de commandes. La sauvegarde du cheptel d'abord «En réalité, l'impact est négatif pour notre activité. La sécheresse a changé la donne. Aujourd'hui, l'éleveur doit gagner de l'argent et sauvegarder le cheptel. Auparavant, il faisait de l'élevage, œuvrait à engraisser l'animal pour ensuite le vendre. Dorénavant, il doit garder l'animal vivant et le brade finalement à un prix très bas. Du coup, le nombre de têtes disponibles et aptes à consommer l'aliment composé diminue drastiquement. De ce fait, notre activité ne bénéficiera pas de cette prétendue opportunité, d'autant plus que l'aliment composé est complémentaire à l'eau et au fourrage, qui demeurent les aliments de base du bétail», déplore Youssef Mikou, secrétaire général de l'AFAC (Association des fabricants d'aliments composés). Il faut savoir que l'Etat a déjà apporté son soutien à l'orge à raison de 2DH/kg ainsi que le transport qu'il assure depuis les 72 centres relais de proximité. L'Etat a également prévu l'abreuvement du bétail via l'aménagement et la construction de points d'eau sans omettre son encadrement sanitaire grâce au programme de vaccination. Côté aliments composés, ce poste est exclu des subventions. Malgré cela, les clignotants semblent encore au vert pour les producteurs d'aliments composés. Ces derniers anticipent une augmentation d'activité dans un premier temps, qui reste néanmoins cantonnée à un seul type de produits. «En effet, durant les deux derniers mois, entre décembre et janvier, on a remarqué une demande importante particulièrement sur les produits ruminants. Comme je l'ai souligné, l'objectif des éleveurs est la sauvegarde du cheptel et non la production malheureusement, mais pour continuer sur cette pente ascendante, il faut aider les éleveurs par le biais de subventions. Malgré tout, je reste optimiste pour l'avenir de l'activité», lance Youssef Mikou. Le SG de l'AFAC a raison de le croire. L'activité de production d'aliments composés a aussi joui de conditions favorables ayant porté un impact positif sur les cours des matières premières. «En réalité, les prix des matières premières ont baissé par rapport à ceux d'il y a 4 ans. Dorénavant, l'objectif est d'être très compétitif en comparaison avec l'importation pour toutes viandes confondues (volaille, viandes rouges, etc). L'année sera-t-elle difficile ou pas ? Je ne peux pas me prononcer. Il y a plusieurs paramètres qui interviennent», résume Youssef Mikou. Malgré le retard des précipitations et les limites de trésorerie des éleveurs, les producteurs d'aliments composés restent confiants. L'année agricole n'est pas encore à sa fin. Le pâturage saura compenser les pertes et sauvera un cheptel qui était, il y a quelques semaines, presque condamné.