Le ministère de l'Habitat vient de livrer les détails de sa dernière enquête nationale sur le logement. Il en ressort que les foyers marocains sont relativement jeunes, mais qu'ils souffrent de certains manquements des plus inquiétants, notamment en termes d'esthétisme et de salubrité. À quoi ressemble un foyer marocain ? Voici la question à laquelle a tenté de répondre le ministère de l'Habitat qui vient de livrer sa deuxième enquête nationale sur le logement. «Il s'agit d'une photographie à un instant T, en l'occurrence en 2012, de la situation du logement urbain au Maroc», explique le ministre de l'Habitat et de la politique de la ville, Nabil Benabdallah. L'objectif étant de déterminer les forces et les faiblesses de la situation actuelle en vue de mieux répondre à la demande importante prévue pour les prochaines années. Un exercice du plus grand intérêt, donc, tant pour les promoteurs, l'Exécutif que pour les acquéreurs. Il en ressort plusieurs enseignements. D'abord, le parc immobilier marocain est globalement jeune: 65% des bâtiments ont moins de 30 ans. Cette jeunesse du parc de constructions n'est toutefois pas gage d'esthétisme. L' étude confirme que l'état des façades est, pour près de la moitié des bâtiments, dans un état moyen, 15% présentent des fissures et 9% affichent de grandes ouvertures. Dans le même registre, il est inquiétant de relever que 41% des logements comptent au moins une pièce non ensoleillée en hiver et 13% ont au moins une pièce ne disposant d'aucune fenêtre... donnant ainsi le champ libre aux acariens et allergies. Globalement, près du tiers du parc principal présente un déficit en matière de salubrité ou autres. Ensuite, le logement au Maroc reste particulièrement dominé par ce que l'étude appelle «la maison marocaine moderne» qui représente 67% du parc en milieu urbain. Malgré leur foisonnement durant ces dernières années, les appartements en immeuble ne pèsent que le quart des propriétés occupées à titre principal. Une situation qui s'expliquerait par la réticence des Marocains au partage des parties communes et à la volonté d'éviter les soucis de voisinage. Cette situation est particulièrement visible en dehors des grandes villes où pas moins de 8 logements sur 10 sont des maisons. Casablanca, Rabat et d'autres grandes villes s'inscrivent en porte-à-faux par rapport à cette tendance, ce qui s'explique par leur caractère particulièrement urbain et dense. 40% des logements sont des maisons dans ces villes. Autre grand enseignement de cette enquête: les Marocains préfèrent acheter ou construire eux-mêmes leur propriété, avec leur propre argent. L'enquête dévoile que 67% des ménages urbains sont propriétaires de leur logement. D'ailleurs, il est intéressant de noter que l'appropriation de l‘habitat se fait principalement à travers l'autopromotion puisque 45% des logements sont construits par leur propriétaire. 18% des acquéreurs achètent leur bien auprès d'un particulier, tandis que la même proportion est héritière. Ce n'est finalement que 15% des propriétaires qui ont acquis leur logement auprès d'un promoteur privé (voir encadré). Il est à noter que le crédit bancaire ne contribue qu'à hauteur de 14% au financement des logements. Pour accéder à la propriété, les Marocains préfèrent compter sur leurs propres fonds qui représentent 75% du financement. L'état d'occupation des logements existants est en nette amélioration, à en croire l'enquête. Alors que 12% des habitations étaient vacantes en 2000, ce chiffre s'est vu réduit aujourd'hui à 12%. Près de la moitié des habitats vacants sont des maisons marocaines, tandis que 44% sont des appartements en immeuble. Ils sont, généralement, inoccupés depuis longtemps: près de 6 logements sur 10 sont inoccupés depuis plus de 24 mois. Autre tendance confirmée par l'enquête sur le logement. La classe moyenne est particulièrement friande de logement social. Alors que ce type de logement n'était pas prédestiné à cette tranche de la société, il se trouve que seuls 40% du parc sont occupés par des familles disposant d'un revenu inférieur à 4.000 DH par mois (l'étude considérant que les ménages de la classe moyenne sont dotés d'un revenu mensuel situé entre 4.000 et 14.000 DH par mois). Le reste étant l'apanage de la classe moyenne ou assimilé. Pourtant, ces ménages, dits de classe moyenne, occupent à 68% les maisons marocaines. Seul le quart réside dans des immeubles. En tout cas, l'ensemble de ces données devraient permettre au département de l'Habitat de mieux planifier sa politique pour les prochaines années. L'enquête sur le logement urbain fait partie d'un triptyque qui devrait permettre à l'Exécutif et au secteur privé de mieux répondre aux besoins du secteur au cours des prochaines années. La première étude, révélée fin janvier, portait sur la politique du relogement des bidonvilles et une troisième devrait s'intéresser à la demande en logement. Le coût global de cette dernière devrait être de 14 MDH. L'enquête sur le logement a pour sa part coûté 4 MDH au département de l'Habitat. Les promoteurs en régression À en croire l'enquête sur le logement du ministère de l'Habitat, les promoteurs immobiliers ne seraient à l'origine que de 15% des logements habités à ce jour. La situation ne devrait pas s'améliorer durant les prochaines années. Comme précisé par l'étude du département de Nabil Benabdallah, sur les 1,35 million de logements nécessaires pour combler la demande durant les 5 prochaines années, 64% sont des logements à 140.000 DH, principalement assurés par Al Omrane. Seuls 10% de la demande prévisionnelle devrait être assurée par des logements à 250.000 DH. Des habitats de plus en plus «compliqués à réaliser étant donné la rareté du foncier dans les grandes villes», précise-t-on auprès de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). L'habitat économique, le moyen et le haut standings se partagent le reste.