Macky Sall, président du Sénégal./DR La polémique sur la durée du mandat en cours du président de la république de 7 à 5 ans, n'est pas partie pour connaître son épilogue, en dépit de la volonté affichée par le chef de l'Etat, Macky Sall, de s'appliquer le quinquennat. En effet, la classe politique sénégalaise, notamment la mouvance présidentielle et l'opposition, tout comme la société civile, sont partagées sur la question. Alors qu'il était candidat à la course présidentielle, Macky Sall avait fait la promesse aux Sénégalais, lors de la campagne électorale de 2012, de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Une fois élu, le président du Sénégal est confronté à la dure réalité de l'exercice du pouvoir et au respect de la Constitution. À l'orée du nouvel an, Macky Sall propose une révision de la Constitution, projet composé de 15 mesures, allant des droits et devoirs citoyens, le pouvoir de l'Assemblée nationale et la réduction de la durée du mandat présidentiel, entre autres. Un package de mesures, réparti dans 22 points, fera l'objet d'une saisine, pour avis, du président de l'Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, avant d'être soumis au peuple par voie référendaire. Cette voie à suivre pour tenir «parole de campagne électorale», continue de diviser la classe politique. Au sein même de la mouvance présidentielle, les avis sont partagés. Certains pontes de l'Alliance pour la république (Apr), parti au pouvoir, ont affiché leur rébellion ouverte contre la réduction du mandat, en cours, de Macky Sall, promettant de battre campagne pour le septennat. D'autant plus que, soutiennent-ils, le président de la république a été élu sur la base des 7 ans, comme clairement stipulé dans l'article 27 de la Constitution. «La durée du mandat du président de la république est de sept ans. Le mandat est renouvelable une seule fois. Cette disposition ne peut être révisée que par une loi référendaire», lit-on. D'autres, en revanche, se sont engagés à suivre la volonté, telle qu'exprimée, par leur mentor, de s'appliquer le quinquennat à la place du septennat pour lequel il a été élu. L'opposition dégage en touche Pendant ce temps, l'opposition rue dans les brancards en soutenant que le projet de révision, appelé à être soumis par voie référendaire, constitue un package que les Sénégalais ne peuvent pas voter par un «Oui» ou un «Non». L'opposition, non plus, ne compte pas répondre à l'appel de Macky Sall autour d'une concertation sur les réformes constitutionnelles, tant que leur candidat à la prochaine présidentielle, Karim Wade, est en prison. L'ancien ministre, sous le régime de son père, a été condamné à 6 ans de prison et à une amende de 138 milliards FCfa par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei), juridiction spéciale sénégalaise. C'était dans le cadre de la traque des biens mal acquis, déclenchée par le gouvernement actuel contre les anciens dignitaires du défunt régime. Des élections coûtent cher au Sénégal Malgré ce tohu-bohu sur la réduction du mandat présidentiel, l'Etat du Sénégal est appelé à débourser des milliards pour l'organisation des élections présidentielles. Quelles soient en 2017 ou 2019. Ajouter à cela les élections législatives prévues en 2017. Rien que les élections locales de 2014, elles ont coûté 15 milliards FCfa aux contribuables sénégalais. La pomme de discorde L'avis tant attendu du Conseil constitutionnel, sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, constitue le point nodal de la pomme de discorde entre la classe politique et surtout les Constitutionnalistes. C'est la sortie du ministre conseiller du président de la république, le professeur Ismaïla Madior Fall, soutenant que le chef de l'Etat serait obligé de respecter l'avis du conseil relatif à sa volonté de réduire son mandat, qui a irrité ses collèges universitaires. Dans la foulée, ils dégagent en touche l'avis contraignant dudit conseil. Ils soutiennent que la saisine du Conseil constitutionnel n'est qu'à titre consultatif, et sous ce rapport un avis ne lie personne, selon eux. Du camp du parti au pouvoir, il n'est pas question que Macky Sall rame à contre-courant de l'avis du Conseil.